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Myopéricardite et pseudopolyarthrite rhizomélique au cours d’une rectocolite hémorragique : un effet secondaire rare de la mesalazine - 20/05/15

Doi : 10.1016/j.revmed.2015.03.196 
M. Ducombs, A. Contis , E. Ribeiro, C. Martinez, P. Duffau, P. Mercié
 Médecine interne et immunologie clinique, hôpital Saint-André, Bordeaux, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Les atteintes cardiaques (péricardite, myocardite…) au cours des maladies chroniques inflammatoires de l’intestin sont des manifestations rares pouvant évoluer indépendamment de l’activité digestive de la maladie. Elles peuvent survenir lors d’un traitement concomitant par dérivés de l’acide 5-aminosalicylique, suggérant une possible iatrogénie.

Observation

Nous rapportons le cas d’un homme de 66ans, porteur d’une rectocolite hémorragique révélée par des diarrhées glairo-sanglantes. Après confirmation endoscopique, un traitement par mesalazine est introduit. Trois semaines plus tard, il présente une douleur thoracique fébrile et une dyspnée. Le diagnostic de myopéricardite est porté (ECG en faveur, troponine élevée et fraction d’éjection du ventricule gauche altérée à 35 % sur l’échographie cardiaque et l’IRM). Le bilan étiologique écarte les causes infectieuses et auto-immunes. Un traitement par aspirine permet la régression des symptômes cliniques mais la fraction d’éjection reste altérée.

Quelques semaines plus tard, il présente des arthro-myalgies des ceintures associées à un important syndrome inflammatoire biologique évoquant une pseudopolyarthrite rhizomélique. La maladie de Horton est écartée. La mesalazine est arrêtée permettant la régression rapide et spontanée des symptômes et de la CRP. L’échographie cardiaque réalisée au décours objective une amélioration de la fraction d’éjection à 50 % nous faisant suspecter l’imputabilité de la mesalazine dans l’atteinte cardiaque et rhumatologique du patient.

Discussion

Les péricardites au cours des maladies chroniques inflammatoires de l’intestin sont rares (100 cas) et la plupart surviennent sous traitement par dérivés de l’acide 5-aminosalicylique. Une dizaine de cas de myopéricardite (dont un mortel) ont été ainsi imputés à la mesalazine. Si le mécanisme précis de survenue est méconnu, les auteurs privilégient une réaction d’hypersensibilité à la mesalazine (à médiation humorale ou cellulaire) plutôt qu’une toxicité cardiaque directe. Les éléments permettant de retenir l’imputabilité de la mesalazine (après avoir exclu les diagnostics différentiels) sont le délai de survenue précoce (2 à 4 semaines) après l’introduction du médicament, la réversibilité rapide (en 7 à 14jours) des symptômes à l’arrêt du traitement et la rechute précoce lors de la réintroduction du médicament. Cette réaction d’hypersensibilité est indépendante de la dose, de la galénique et a été décrite avec d’autres dérivés de l’acide 5-aminosalicylique ce qui doit conduire à un changement de classe thérapeutique.

Quelques cas de myalgies sous mesalazine ont été rapportés mais aucun cas de pseudopolyarthrite rhizomélique n’a été décrit. L’amélioration spontanée à l’arrêt du traitement évoque là encore une réaction d’hypersensibilité.

Conclusion

Les myopéricardites induites par la mesalazine sont rares mais potentiellement mortelles nécessitant l’arrêt définitif des dérivés de l’acide 5-aminosalicylique. Il apparaît donc impératif, devant toute manifestation extradigestive (notamment cardiaque) au cours de maladie chronique inflammatoire de l’intestin, de considérer l’imputabilité du traitement.

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Vol 36 - N° S1

P. A166 - juin 2015 Retour au numéro
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