Les apports des sciences humaines et sociales à la clinique et à l’épidémiologie - 25/04/15
Résumé |
Si jusqu’à présent, en France, la recherche clinique et épidémiologique étaient essentiellement fondées sur des analyses quantitatives, aujourd’hui, suivant un mouvement de décloisonnement disciplinaire, la clinique et l’épidémiologie s’ouvrent aux méthodologies dites qualitatives et aux méthodes mixtes alliant les deux approches.
Parfois, les chercheurs qui ont réalisé des études quantitatives éprouvent des difficultés à interpréter certains chiffres ; l’analyse qualitative se révèle alors utile pour identifier ce qui se cache derrière certains résultats particulièrement saisissants. Elle permettra une plongée dans la complexité du réel et des situations vécues. En sciences humaines et sociales (SHS), les faits sociaux, dont ceux relatifs à la santé et à la maladie, sont lus en tant que « phénomènes sociaux totaux », c’est-à-dire qu’ils sont des portes d’entrée qui permettent d’envisager la société dans sa totalité. Ainsi, il est possible de présenter comment s’imbriquent et s’équilibrent les différentes sphères du social dans leurs dimensions matérielles, spirituelles, et idéelles. L’analyse des décalages et des liens entre représentations sociales de la maladie et de la santé et pratiques de soins et de préventions nous aident alors à dévoiler des dimensions parfois inconscientes et souvent cachées des faits sociaux. Les SHS analyseront convergences et divergences entre pratiques et discours au sein de petits groupes sociaux, s’interrogeront et replaceront les notions de santé et de maladie dans l’ensemble des dimensions de l’existence sociale humaine.
Pour explorer de manière quantitative un sujet inconnu une première approche qualitative permettra de recueillir des données et d’identifier des pistes qui feront émerger les points importants, nécessaires à la construction d’hypothèses. Les caractéristiques de la recherche en SHS viennent non seulement de ses approches qualitatives et de ses méthodologies inductives, mais aussi du décentrement de son regard. Ce regard décentré permet de remettre en question en les déconstruisant certaines catégories de pensée et d’en construire d’autres plus appropriées. Ces catégories de pensée sont notamment à l’œuvre lorsqu’en épidémiologie les chercheurs élaborent des questionnaires. Cette construction mérite beaucoup d’attention, en employant par exemple, un langage appartenant au vocabulaire des personnes interrogées, sans risque de contre-sens des catégories mobilisées. Ces contre-sens sont notamment visibles dans les décalages entre illness (point de vue du patient) et disease (celui du médecin). Les SHS permettent ainsi d’améliorer la validité des recherches quantitatives. L’approche consiste, après une phase d’analyse adoptant le point de vue « émique », de l’intérieur de la société, à entrer dans une période au cours de laquelle il est nécessaire de s’éloigner du terrain, de prendre du recul par rapport à son immersion et de changer de perspective. Ce travail de décentrement, en passant d’une position à l’autre, permet alors d’analyser les données d’un point de vue « étique », de l’extérieur de la société.
Pour illustrer mon propos je m’appuierai sur différentes recherches anthropologiques dans le champ de la santé réalisées antérieurement par des collègues ou par moi-même et sur mon expérience actuelle de la pluridisciplinarité à l’Unité d’épidémiologie clinique de l’hôpital Robert-Debré et à l’UMR ECEVE où je participe à plusieurs titres à différentes recherches.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Pluridisciplinarité, Qualitatif, SHS, Anthropologie, Décentrement
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Vol 63 - N° S2
P. S81 - mai 2015 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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