S'abonner

Les apports des sciences humaines et sociales à la clinique et à l’épidémiologie - 25/04/15

Doi : 10.1016/j.respe.2015.03.101 
M. Teixeira
 ECEVE UMR 1123, Hôpital Robert-Debré, Paris 

Résumé

Si jusqu’à présent, en France, la recherche clinique et épidémiologique étaient essentiellement fondées sur des analyses quantitatives, aujourd’hui, suivant un mouvement de décloisonnement disciplinaire, la clinique et l’épidémiologie s’ouvrent aux méthodologies dites qualitatives et aux méthodes mixtes alliant les deux approches.

Parfois, les chercheurs qui ont réalisé des études quantitatives éprouvent des difficultés à interpréter certains chiffres ; l’analyse qualitative se révèle alors utile pour identifier ce qui se cache derrière certains résultats particulièrement saisissants. Elle permettra une plongée dans la complexité du réel et des situations vécues. En sciences humaines et sociales (SHS), les faits sociaux, dont ceux relatifs à la santé et à la maladie, sont lus en tant que « phénomènes sociaux totaux », c’est-à-dire qu’ils sont des portes d’entrée qui permettent d’envisager la société dans sa totalité. Ainsi, il est possible de présenter comment s’imbriquent et s’équilibrent les différentes sphères du social dans leurs dimensions matérielles, spirituelles, et idéelles. L’analyse des décalages et des liens entre représentations sociales de la maladie et de la santé et pratiques de soins et de préventions nous aident alors à dévoiler des dimensions parfois inconscientes et souvent cachées des faits sociaux. Les SHS analyseront convergences et divergences entre pratiques et discours au sein de petits groupes sociaux, s’interrogeront et replaceront les notions de santé et de maladie dans l’ensemble des dimensions de l’existence sociale humaine.

Pour explorer de manière quantitative un sujet inconnu une première approche qualitative permettra de recueillir des données et d’identifier des pistes qui feront émerger les points importants, nécessaires à la construction d’hypothèses. Les caractéristiques de la recherche en SHS viennent non seulement de ses approches qualitatives et de ses méthodologies inductives, mais aussi du décentrement de son regard. Ce regard décentré permet de remettre en question en les déconstruisant certaines catégories de pensée et d’en construire d’autres plus appropriées. Ces catégories de pensée sont notamment à l’œuvre lorsqu’en épidémiologie les chercheurs élaborent des questionnaires. Cette construction mérite beaucoup d’attention, en employant par exemple, un langage appartenant au vocabulaire des personnes interrogées, sans risque de contre-sens des catégories mobilisées. Ces contre-sens sont notamment visibles dans les décalages entre illness (point de vue du patient) et disease (celui du médecin). Les SHS permettent ainsi d’améliorer la validité des recherches quantitatives. L’approche consiste, après une phase d’analyse adoptant le point de vue « émique », de l’intérieur de la société, à entrer dans une période au cours de laquelle il est nécessaire de s’éloigner du terrain, de prendre du recul par rapport à son immersion et de changer de perspective. Ce travail de décentrement, en passant d’une position à l’autre, permet alors d’analyser les données d’un point de vue « étique », de l’extérieur de la société.

Pour illustrer mon propos je m’appuierai sur différentes recherches anthropologiques dans le champ de la santé réalisées antérieurement par des collègues ou par moi-même et sur mon expérience actuelle de la pluridisciplinarité à l’Unité d’épidémiologie clinique de l’hôpital Robert-Debré et à l’UMR ECEVE où je participe à plusieurs titres à différentes recherches.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Pluridisciplinarité, Qualitatif, SHS, Anthropologie, Décentrement


Plan


© 2015  Publié par Elsevier Masson SAS.
Ajouter à ma bibliothèque Retirer de ma bibliothèque Imprimer
Export

    Export citations

  • Fichier

  • Contenu

Vol 63 - N° S2

P. S81 - mai 2015 Retour au numéro
Article précédent Article précédent
  • Sommeil et cancer du sein : étude cas-témoin dans la région Fès, Maroc
  • M. Khalis, H. Charaka, F. Abbass, N. Tachfouti, K. El Rhazi, C. Nejjari
| Article suivant Article suivant
  • La pratique de l’examen clinique du sein par les médecins généralistes dans le cadre du programme national de la détection précoce du cancer du sein au Maroc
  • H. Charaka, M. Khali, S. Elfaki, Y.C. Elkhazraji, K. El Rhaz, C. Nejjar

Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.

Déjà abonné à cette revue ?

Mon compte


Plateformes Elsevier Masson

Déclaration CNIL

EM-CONSULTE.COM est déclaré à la CNIL, déclaration n° 1286925.

En application de la loi nº78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, vous disposez des droits d'opposition (art.26 de la loi), d'accès (art.34 à 38 de la loi), et de rectification (art.36 de la loi) des données vous concernant. Ainsi, vous pouvez exiger que soient rectifiées, complétées, clarifiées, mises à jour ou effacées les informations vous concernant qui sont inexactes, incomplètes, équivoques, périmées ou dont la collecte ou l'utilisation ou la conservation est interdite.
Les informations personnelles concernant les visiteurs de notre site, y compris leur identité, sont confidentielles.
Le responsable du site s'engage sur l'honneur à respecter les conditions légales de confidentialité applicables en France et à ne pas divulguer ces informations à des tiers.


Tout le contenu de ce site: Copyright © 2024 Elsevier, ses concédants de licence et ses contributeurs. Tout les droits sont réservés, y compris ceux relatifs à l'exploration de textes et de données, a la formation en IA et aux technologies similaires. Pour tout contenu en libre accès, les conditions de licence Creative Commons s'appliquent.