Les toxi-infections alimentaires continuent d’être une préoccupation majeure dans le domaine de la santé publique. Le nombre de cas de toxi-infection alimentaire dans le monde reste assez important et celui-ci est souvent sous-estimé malgré l’obligation de la déclaration. Au Maroc, le secteur de la restauration collective est particulièrement concerné avec le changement de mode alimentaire qui expose les consommateurs à plus de risques d’intoxications alimentaires.

Au sein de notre laboratoire, nous avons réalisé une étude de prévalence des germes à partir d’aliments issus de la restauration collective. À partir de ces échantillons, nous avons isolé des souches et nous avons étudié la sensibilité à certains antibiotiques et aux extraits de quelques plantes médicinales dans le but de mettre en évidence l’activité antimicrobienne des plantes ainsi que la résistance de certaines souches aux antibiotiques.

Nous avons réalisé une étude de prévalence des germes à partir d’aliments issus de la restauration collective, nos résultats ont montré que les principaux germes retrouvés sont des coliformes thermo-tolérants dont Escherichia coli, des anaérobies sulfito-réducteurs dont le Clostridium perfringens, les Staphylocoques à coagulase positive et les Salmonelles. À l’issu de cette étude, nous avons réalisé un certain nombre d’isolements des souches récoltées au niveau des aliments provenant de la restauration collective et à étudier leur sensibilité à certains antibiotiques couramment utilisés tels que l’Amoxicilline, la Vancomycine, la Ceftriaxone, la Teicoplanine, la Rifampicine et l’Amikacine, et également leur sensibilité aux extraits de quelques plantes médicinales tels que la Cannelle, l’eucalyptus, la sauge, la réglisse et le romarin(obtenus par hydro distillation) à travers des antibiogrammes en milieu solide.

L’étude a été réalisée sur 18 souches bactériennes dont 9 Escherichia coli, 4 Staphylococcus aureus et 5 Salmonelles ainsi que les souches de références. Les résultats obtenus montrent que sur les cinq extraits aqueux de plantes testées (Eucalyptus, la cannelle, la sauge, le romarin et la réglisse) seuls la cannelle et l’eucalyptus ont montré une activité antibactérienne importante avec des diamètres d’inhibition variant entre 14 à 24mm. En ce qui concerne les antibiotiques testés, une souche d’Escherichia coli est résistante à deux antibiotiques (Amoxicilline et céftriaxone), une souche de Staphylococcus aureus également résistante à la Téicoplanine et la Vancomycine ce qui confirme des résultats déjà décrits dans la littérature. Le reste des souches est, soit sensible ou intermédiaire aux antibiotiques.

L’activité antimicrobienne démontrée par des extraits aqueux ouvre une possibilité de leur utilisation dans les cas des toxi-infections alimentaires. Au vu de la résistance de certaines souches bactériennes à des antibiotiques, les extraits des plantes présentent une alternative qui peut s’utiliser en amont dans la conservation des aliments et comme additif alimentaire.