Les données de la littérature quant à l’effet protecteur de l’allaitement sur le risque d’obésité ultérieur sont contradictoires. L’absence de prise en compte des facteurs environnementaux, tels que les apports nutritionnels précoces, pourrait expliquer ces données divergentes. Nous avons par conséquent examiné l’association entre l’allaitement et l’adiposité à l’âge adulte, en ajustant sur les apports nutritionnels dans l’enfance.

Les apports nutritionnels de 73 enfants en bonne santé participant à l’étude ELANCE ont été estimés à 10 mois et 2 ans. À 20 ans, le poids, la taille, les plis cutanés sous-scapulaires (SS) et la masse grasse (MG) évaluée par bio impédance ont été mesurés chez ces mêmes sujets. Les associations ont été estimées par des analyses de régression linéaires multivariées.

Dans cet échantillon, 64 % des sujets ont été allaités. Dans les modèles de régression linéaire ajustés sur les facteurs de confusion habituels, l’allaitement n’était associé à aucune des mesures de masse grasse à 20 ans (P > 0,05). Après ajout des variables d’apports nutritionnels aux modèles, l’allaitement était associé à l’adiposité à 20 ans. En particulier, l’épaisseur du pli SS des sujets allaités était significativement plus faible à 20 ans, après ajustement sur l’énergie et l’apport en lipides (%) à 2 ans, (β=−28,25% SS, 95 % CI=−50,28 à −6,21, P=0,013) ou après ajustement sur l’énergie et l’apport en glucides (%) à 2 ans (−28,27 % SS, -50,64 à -5,90, P=0,014).

En prenant en compte les facteurs de confusion habituels, l’allaitement n’était pas associé à l’adiposité chez l’adulte. Cependant, un effet protecteur de l’allaitement maternel apparaît clairement après ajustement supplémentaire sur les variables d’apports nutritionnels au début de la vie. Par conséquent, la nutrition précoce doit être prise en compte lors de l’examen des effets de l’allaitement maternel sur la santé à long terme.