P262: Évaluation du caractère prédictif de l’échelle visuelle analogique (EVA) pour la détermination des ingesta des malades atteints d’un cancer - 24/12/14
Résumé |
Introduction et but de l’étude |
La prise en charge nutritionnelle précoce est de plus en plus préconisée chez les malades atteints de cancer. Les recommandations de pratique clinique (RPC) de la SFNEP recommandent une évaluation des ingesta à l’aide d’une échelle visuelle analogique (EVA), pour tous les malades, dès la consultation d’annonce et avant toute prise en charge thérapeutique (1). Les RPC recommandent également une prise en charge des malades chez qui l’EVA initiale est < 7 (patients dont les ingesta sont supposés être < 70 % des besoins énergétiques). Le but de cette étude a été d’évaluer : 1 – la fiabilité de l’EVA pour l’estimation des ingesta des malades atteints de cancer ; 2 – la pertinence du seuil d’EVA < 7/10 pour la prise en charge recommandé par les RCP.
Matériel et méthodes |
Il s’agit dune étude prospective visant à évaluer les ingesta de tous les malades consécutifs vus pour la première fois pendant six mois dans une unité d’oncologie médicale. Lors de la consultation d’annonce, une fiche de recueil alimentaire était remise aux malades et le calcul des ingesta réels était réalisé sur trois jours à l’aide du logiciel Bilnut. Les malades évaluaient ensuite leurs ingesta sur une EVA graduée de 0 à 10. Afin de déterminer si les besoins énergétiques étaient couverts, les apports énergétiques calculés étaient comparés aux besoins théoriques chez les malades atteints de cancer fixés par les RCP (35kcal/kg/j) ; les apports calculés étaient exprimés en pourcentage des apports théoriques. Les résultats de l’EVA ont ensuite été comparés aux ingesta réels à l’aide d’un test de Bland et Altman et d’un test rho de Spearman. L’évaluation de la valeur seuil de l’EVA qui permettait de déterminer avec la plus grande précision les malades chez qui les ingesta étaient inférieurs à 70 % des apports théoriques a été réalisée à l’aide des calculs des seuils de sensibilité, spécificité, valeurs prédictives positives et valeurs prédictives négatives ainsi que par les courbes ROC.
Résultats et Analyse statistique |
189 malades consécutifs ont été vus entre le 1er décembre 2013 et le 31 mai 2014 ; 125 ont finalement été inclus dans l’étude. Les malades non étudiés l’étaient en raison d’un refus de participer (n=33), d’un problème de langage (n=16), d’une nutrition artificielle (n=11) ou de causes diverses (n=4). Sur les 125 malades inclus, huit n’ont pas ramené un relevé d’ingesta évaluable, ainsi 117 ont fait l’objet de cette étude. Il s’agissait de 48 femmes et de 69 hommes, d’âge moyen 65,5±11,1 ans, souffrant d’un cancer colo-rectal (36 %), du foie ou des voies biliaires (18 %), du pancréas (18 %), de l’ovaire (8 %) ou autre (20 %). L’IMC moyen était à 25,6±4,8 et 19 % des patients étaient dénutris selon les critères de perte de poids > 5 % en un mois ou 10 % en six mois et/ou IMC < 18,5 ou 21 pour les patients de plus de 70 ans.
L’EVA moyenne était à 8,1±2,1 et les ingesta à 1971±655kcal/jour (27,8±10,4kcal/kg/j). Les graphiques de Bland et Altman [moyenne des différences (biais) = −4,4 %, limites de concordance à 95 % :] −60 ; 51 [et limite d’acceptabilité > 20 %] et le test rho de Spearman (p=0,3, P=0,001) mettaient en évidence une faible corrélation entre les relevés alimentaires et les résultats de l’EVA. Une EVA < 7 permettait de dépister les malades dont les ingesta étaient inférieurs à 70 % des besoins avec une sensibilité, une spécificité et des valeurs prédictives positives et négatives respectives de, 36 %, 78 %, 66 % et 50 %. En prenant le seuil d’EVA < 8, la sensibilité, la spécificité et les valeurs prédictives positives et négatives pour dépister les malades qui avaient des ingesta < 70 % de leurs besoins, étaient respectivement de 56 %, 61 %, 69 % et 47 %.
Conclusion |
En oncologie médicale, l’évaluation des ingesta à l’aide d’une EVA au cours de la consultation d’annonce est un outil peu précis. Le seuil d’EVA < 7 possède une sensibilité insuffisante. Le seuil d’EVA < 8 nous semble préférable car il augmente la sensibilité du dépistage même s’il est moins spécifique. Chez les malades atteints de cancer, au cours de la consultation d’annonce préalable à la chimiothérapie, une évaluation systématique des ingesta par un relevé alimentaire nous semble nécessaire. Cette évaluation pourrait permettre une éducation du patient à la bonne utilisation de l’EVA qui pourrait être ensuite utilisée dans le cadre du suivi des malades. Cette stratégie fera l’objet d’une future évaluation.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 28 - N° S1
P. S206 - décembre 2014 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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