Depuis la fin des années 1990, les infections gonococciques sont en recrudescence dans le monde. En France, la gonococcie est la deuxième cause d'infection bactérienne sexuellement transmissible après les infections à Chlamydia trachomatis et les cas se sont multipliés ces dernières années. Depuis l'avènement de l'antibiothérapie, la gonococcie est une infection curable dont les complications se sont raréfiées. Cependant, le gonocoque possède d'excellentes capacités d'adaptation et a su développer des résistances à tous les antibiotiques utilisés en thérapeutique. Les taux actuels de résistance à la pénicilline, à la tétracycline et aux fluoroquinolones rendent impossible la prescription probabiliste de ces antibiotiques. Plus récemment sont apparues des diminutions de sensibilité, voire des résistances aux dernières lignes de traitement, les céphalosporines de troisième génération, et les options thérapeutiques deviennent limitées. Au regard de l'histoire des traitements utilisés et de l'évolution des résistances du gonocoque à ces antibiotiques, nous risquons de devoir faire face à l'émergence et à la dissémination de souches multirésistantes. La prévention des gonococcies, la prévention des résistances et la surveillance microbiologique des souches de gonocoque sont devenues des enjeux majeurs de santé publique. Il est donc essentiel de maîtriser la consommation des antibiotiques, de relancer le développement de nouvelles molécules et les recherches sur la vaccination pour garantir la prise en charge de ces infections et en limiter les complications.