Association thymome et cytopénies : recueil de 36 observations sur 22 années - 02/12/14
Résumé |
Introduction |
Les thymomes sont des pathologies rares touchant 0,15 patients pour 100 000 patients-années (États-Unis). L’association à une myasthénie est fréquente et touche 30 à 50 % des patients. Plus rarement l’association à des cytopénies auto-immunes a été décrite : érythroblastopénie (5 % des cas), agranulocytose auto-immune, purpura thrombopénique immunologique, anémie hémolytique auto-immune, et lymphopénie associée à une hypogammaglobulinémie (Syndrome de Good). Les caractéristiques spécifiques de ces cytopénies auto-immunes (CAI) associées à un thymome, la prise en charge et l’évolution ne sont pas clairement connues.
Patients et méthodes |
Nous avons donc décidé de décrire rétrospectivement sur toute la France via la RCP nationale RYTHMIC et un appel à observation par la SNFMI, les cas d’association cytopénie-thymome.
Résultats |
Nous avons recueilli les données de 36 patients (17 hommes/19 femmes) ayant présenté un thymome et une cytopénie entre 1992 et 2014. L’âge médian au diagnostic de thymome est de 54,8ans (24–80) et de 60ans (21–84) au diagnostic de la cytopénie. Les diagnostics sont concomittants (±2 mois) pour 13 patients, la CAI précède le thymome pour 3 patients avec un délai de 1090jours pour 1 patient, et suit le thymome dans un délai médian de 984jours (80–5085). Huit patients présentent une érythroblastopénie, 2 patients une neutropénie autoimmune, 1 patient un purpura thrombopénique, 12 patients un syndrome de Good. Les 13 autres patients ont des associations de CAI dont la plus fréquente est l’association Good+érythroblastopénie (5 patients). L’examen anatomopathologique des thymomes montre des histologies diverses avec une majorité de AB (n=9), 4 carcinomes thymiques, et 18 formes B. Treize patients ont une forme non localisée dépassant la capsule thymique (stade III ou IV) avec recours d’emblée à un traitement complémentaire par chimiothérapie pour 8 patients. Sept autres patients ont présenté des métastases avec nécessité d’un traitement complémentaire pour 6 patients. Aucun patient n’est décédé de l’évolutivité de son thymome. Le délai médian de suivi de la cytopénie est de 25 mois (0–143) avec 8 décès constatés dont 7 en lien direct avec les CAI constatées (5 sont dus à des complications infectieuses dans le cadre d’un syndrome de Good et 2 en lien avec une thrombopénie sévère). Le traitement de l’érythoblastopénie (18 patients) consiste en une corticothérapie en première ligne pour la majorité des patients avec mise en rémission pour 10 patients. La ciclosporine (6 patients) apparaît comme le traitement de 2e ligne, après échec de la corticothérapie, permettant une mise en rémission partielle pour 2 patients et une rémission complète pour 1 patient, l’efficacité étant limitée par des problèmes de tolérance digestive et rénale (4 patients). Le rituximab a un résultat mitigé (5 patients) avec 2 mises en rémissions complètes, 1 rémission partielle et 2 échecs. Les immunoglobulines par voie intraveineuse (IgIV) (3 patients) apparaissent inefficaces. Au total 8 patients sont en rémission complète à la fin de la période de suivi (Hb>12g/dL) et 7 en rémission partielle (anémie sans dépendance aux transfusions) Le traitement du PTI (5 patients) a consisté en une corticothérapie isolée initiale pour 4 patients sans mise en rémission complète et des seuils de corticodépendance entre 5 et 20mg/j. Les IgIV apparaissent inefficaces. Dans un cas l’elthrombopag a été utilisé avec une bonne efficacité pour préparer un geste chirurgical, et le rituximab en association avec une cure d’IgIV et des corticoïdes a permis une mise en rémission complète. Au total 4 patients gardent un PTI actif à la fin de la période d’observation, un seul patient présente une rémission complète. Dix-neuf des 22 patients présentant un syndrome de Good ont eu des complications infectieuses dont des infections opportunistes pour 9 patients (CMV, zona, infection disséminée à mycobactérie, pneumocystose). Dix-sept patients ont reçu une substitution par immunoglobulines par voie intraveineuse. Sept patients présentant un Good et des complications infectieuses sont traités par immunosuppresseurs (neutropénie auto-immune n=2, érythroblastopénie n=5).
Conclusion |
Les cytopénies auto immunes associées au thymome sont des maladies graves pour lesquelles les traitements usuels des CAI semblent moins efficaces.
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Vol 35 - N° S2
P. A84-A85 - décembre 2014 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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