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Le variant lymphoïde du syndrome hyperéosinophilique avec lymphocytes T CD3-CD4+ est un syndrome lymphoprolifératif T clonal périphérique indolent : arguments histopathologiques et immunophénotypiques - 02/12/14

Doi : 10.1016/j.revmed.2014.10.037 
G. Lefèvre 1, , M.C. Copin 2, C. Roumier 3, F. Ackerman 4, L. Terriou 5, C. Preudhomme 3, G. Salles 6, M. Labalette 7, L. Prin 7, P.Y. Hatron 5, D. Launay 5, J.E. Kahn 8
pour le

Réseau eosinophile

1 Institut d’immunologie, Réseau eosinophile, EA2686, centre hospitalier régional universitaire de Lille, Lille 
2 Institut de pathologie, CNRS UMR 8161, centre hospitalier régional universitaire de Lille, Lille 
3 Institut d’hématologie, Inserm U837, centre hospitalier régional universitaire de Lille, Lille 
4 Département de médecine interne, hôpital Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre 
5 Département de médecine interne, unité d’immunologie clinique, centre hospitalier régional universitaire de Lille, Lille 
6 Département d’hématologie, CHU Lyon Sud, hospices civils de Lyon, Lyon 
7 Institut d’immunologie, Réseau éosinophile, Ea2686, centre hospitalier régional universitaire de Lille, Lille 
8 Département de médecine interne, hôpital Foch, Suresnes 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Le variant lymphoïde du syndrome hyperéosinophilique (SHE-L) est défini par une hyperéosinophilie secondaire à une production d’IL-5 par des lymphocytes circulants de profil Th2, le phénotype aberrant CD3-CD4+ étant le plus fréquent [1, 2]. Des lymphomes T ont été rapportés chez ces malades, et 2 des 23 patients suivis dans le Réseau éosinophile ont développé un lymphome angio-immunoblastique (LAI) plusieurs années après le diagnostic de SHE-L. Notre objectif était de décrire les caractéristiques histopathologiques et immunophénotypiques du SHE-L CD3-CD4+.

Patients et méthodes

Nous avons effectué une relecture centralisée des biopsies disponibles chez 12 malades suivis pour un SHE-L CD3-CD4+ au sein du Réseau Eosinophile : nous disposions de biopsies ganglionnaires (n=4 patients), cutanées (n=9), digestives (n=4), synoviale (n=1) et de glande lacrymale (n=1). La recherche de réarrangement clonal du TCRγ a été systématiquement effectuée dans les tissus et comparée aux réarrangements détectés dans le sang. Deux biopsies cutanées fraiches ont été analysées par cytométrie en flux. Enfin, nous avons comparé les caractéristiques immunophénotypiques des lymphocytes CD3-CD4+ et CD3+CD4+ circulants chez 15 malades. L’ensemble des données a été comparé aux caractéristiques recueillies au diagnostic de LAI chez 2 de ces malades.

Résultats

Des infiltrats lymphocytaires T CD4+ ont été retrouvé chez 10 des 12 malades, dans les ganglions, avec des caractéristiques proches du LAI (n=4/4), la peau (n=9/9) et d’autres localisation extra-ganglionnaires (glande lacrymale, colon, synoviale). L’analyse par cytométrie en flux de 2 biopsies cutanées a confirmé la présence de cellules CD3-CD4+ dans les lésions cutanées. Un réarrangement clonal du TCRγ a été détecté dans les tissus de 8 de ces 10 malades. Pour un même malade, le même clone T a été identifié sur des biopsies ganglionnaires, cutanées, synoviale, colique et/ou de glande lacrymale, et des prélèvements sanguins pourtant espacés de plusieurs années (maximum : 23ans). En comparaison aux cellules CD3+CD4+ conventionnelles, les cellules CD3-CD4+ circulantes du SHE-L sont CD2+ (n=5/14) ou CD2hi (n=9/14, non disponible pour 1 malade), CD5hi (n=12/14) et rarement CD5low (n=2/14), CD7– (n=4/14) ou CD7low (n=9/14). L’expression de CD10 n’était jamais détectée (n=0/14). L’analyse des deux cas de LAI suggère l’intérêt de CD10 et des marqueurs TFH, spécifiques du LAI, pour le diagnostic différentiel entre les deux entités d’une part, et pour le diagnostic d’un LAI au cours du SHE-L d’autre part.

Discussion

Ce travail démontre pour la première fois la présence d’une infiltration tissulaire de lymphocytes T CD3-CD4+ dans les SHE-L. Nos résultats prouvent d’une part que les lymphocytes T tissulaires expriment le même réarrangement clonal du TCR que les T C3–CD4+ circulants, et d’autre part, chez les 2 patients testés, que les mêmes T CD3-CD4+ identifiés en CMF étaient présents dans la peau et dans le sang. La présence de lymphocytes T CD3-CD4+ clonaux tissulaires suggère que le recrutement d’éosinophiles dans les tissus (considérés comme responsables des manifestations cliniques) pourrait être directement lié à ces CD3-CD4+ et à la production locale d’IL-5. Les caractéristiques immunophénotypiques des lymphocytes T CD3-CD4+ du SHE-L sont identiques aux lymphocytes T CD3-CD4+ du LAI, à l’exception du CD10 qui n’est jamais retrouvé dans le SHE-L [3].

Conclusion

L’ensemble de ses caractéristiques histopathologiques et immunophénotypiques font du SHE-L CD3-CD4+ un syndrome lymphoprolifératif T clonal périphérique indolent potentiellement à risque de LAI, dont il partage des caractéristiques. Il ne doit cependant pas être confondu avec un lymphome T malgré la présence d’infiltrats monotypiques CD4+ et clonaux, parfois diffus, notamment en cas de localisation ganglionnaire. Un suivi prospectif dans le cadre d’un registre national permettra de mieux appréhender le profil évolutif et notamment le risque de lymphome T chez ces malades.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

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Vol 35 - N° S2

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