Anticorps anti-mitochondrie et myopathies inflammatoires - 02/12/14
Résumé |
Introduction |
Les anticorps anti-mitochondries de type M2 (AAMM2) sont observés dans 90 % des cirrhoses biliaires primitives (CBP). En 2012, 24 patients atteints de myopathie inflammatoire (MI) associée à la présence d’AAMM2 avec ou sans CBP ont été rapportés. Leur phénotype était particulier : forme lentement évolutive, amyotrophiante, fréquemment associée à une cardiomyopathie et à une inflammation granulomateuse à l’histologie musculaire [1 ]. Nous présentons la seconde cohorte de patients atteints de MI associée à des AAMM2.
Patients et méthodes |
Tous les patients répertoriés dans la base de données « Myosites » (960 patients, reférence CNIL 1739552) en septembre 2014 et associant les critères de MI selon Hoogendijk [2 ] et la présence d’AAMM2 en immunofluorescence indirecte (IFI) ont été inclus dans l’étude.
Résultats |
Neuf patients (7 femmes/2 hommes) ont été inclus. Le diagnostic de MI a été établi en moyenne à 48,9ans (22,7–76,7), la durée de suivi moyenne était de 1,3ans. On observait 5 polymyosites (PM), 2 myopathies nécrosantes auto-immunes (MNAI), 1 syndrome des anti-synthétases (SAS) et 1 myosite aspécifique. Aucun n’avait d’antécédent de dystrophie musculaire ou d’argument pour une myopathie métabolique. Un déficit musculaire proximal était observé chez 8/9 patients au diagnostic. La patiente sans déficit moteur présentait un SAS avec une pneumonie interstitielle non spécifique (PINS) et un taux de créatine kinase (CK) à 700U/L. Sept patients sur 8 avaient des difficultés à la marche. Des troubles de la déglutition étaient notés chez 3/8 dont les 2 MNAI. Parmi les PM, 3 étaient isolées, 2 rentraient dans le cadre des PM de chevauchement avec un lupus systémique et un syndrome de Sjögren pour l’une, un syndrome de Sjögren seul pour l’autre. Parmi les MNAI, un cas était associé à une cirrhose sur hépatite C, un probable carcinome hépatocellulaire et avait été exposé aux statines, l’autre était associé à des Ac anti-SRP. On ne retrouvait pas d’autre néoplasie dans la cohorte. Une PINS était observée chez 2 patients (1 PM, 1 SAS). Une CBP était observée chez 3 patients. Deux patients (PM isolée) avaient une atteinte cardiaque avec hypersignal STIR en IRM (un cas avec fraction d’éjection ventriculaire gauche [FeVG] à 37 % et bloc de branche de novo à 43ans, le 2e avec FeVG à 59 % à 23ans). Cinq patients présentaient des arthralgies. Toutes les biopsies musculaires montraient des fibres atrophiques avec diamètre irrégulier, des fibres en nécrose et une expression marquée du HLA-1 (chez 8/9). L’analyse des protéines membranaires (Western blot et immunohistochimie) était normale. En revanche, on ne retrouvait pas de granulome. Les AAMM2 étaient isolés chez 1 patient. Des anticorps anti-Gp210 et/ou anti-Sp100 étaient retrouvés chez 3 patients dont 2 atteints de CBP. Des anticorps anti-nucléaires étaient associés chez 7/9 patients dont 4 avec une fluorescence cytoplasmique granuleuse. Le dosage moyen de créatine kinase était de 9015U/L (132–51596). Six patients sur 7 présentaient un hypersignal T2 à l’IRM musculaire, seuls 2/7 présentaient une involution graisseuse. Un traitement a été initié chez 8/9, tous ont reçu une corticothérapie par prednisone à 1mg/kg/j, précédée pour 4 de bolus de solumédrol. Par ailleurs, 5 ont reçu du méthotrexate, 4 des immunoglobulines intraveineuses, 4 des échanges plasmatiques, 2 du cyclophosphamide, 1 du rituximab, 1 du mycophénolate mofétil. Le seul décès a été observé chez le patient présentant une MNAI avec cirrhose VHC au décours d’un épisode de rhabdomyolyse avec insuffisance rénale aiguë. Seuls 2 patients ont répondu d’emblée à une bithérapie corticoïdes-méthotrexate. Finalement une intensification thérapeutique a été nécessaire et efficace chez 6 patients.
Discussion |
Une seule étude a étudié MI et AAMM2, au Japon, en 2012, et concernait 24 patients. Comme chez les patients japonais, nous retrouvons chez nos patients avec MI et AAMM2 une fréquence élevée de CBP, atteintes cardiaques et connectivites associées.
Conclusion |
Les AAMM2 peuvent être les seuls auto-anticorps observés au cours d’une MI alors souvent chronique et corticorésistante. Leur identification semble associée à une cirrhose biliaire primitive et une atteinte cardiaque, nécessitant une surveillance particulière et un traitement immunosuppresseur lourd. Cette association étant nouvelle, l’exclusion d’une pathologie dystrophique en particulier pour les formes amyotrophiantes avec atrophie graisseuse musculaire est néanmoins nécessaire.
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Vol 35 - N° S2
P. A22-A23 - décembre 2014 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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