Signification de l’élévation des immunoglobulines G4 dans la mucoviscidose à l’âge adulte : une étude de cohorte de 165 patients - 02/12/14
Résumé |
Introduction |
L’élévation des immunoglobulines (Ig) G4, sous classe d’IgG, est associée à différentes situations pathologiques. La maladie associée aux IgG4 est caractérisée une infiltration tissulaire lymphoplasmocytaire évoluant le plus souvent vers la fibrose et une élévation des IgG4 sériques>1350mg/dL. Ce taux n’est pas spécifique de la maladie liée aux IgG4, et Ebbo et al. ont décrit une augmentation dans de nombreuses autres situations notamment la M (3,4 % dans cette étude) [1 ]. En 2014, Mavragani et al. Note un taux élevé d’IgG4 chez 7,5 % des patients présentant un syndrome de Gougerot-Sjögren primaire, et identifiait ce sous-groupe comme à risque d’atteintes viscérales biliaires, pancréatiques et rénales [2 ]. Dans la M, plusieurs études ont retrouvé une élévation des IgG4 sériques chez les patients infectés ou colonisés à Pseudomonas aeruginosa avec défaut d’opsonisation bactérienne et lors des manifestations d’hypersensibilité immédiate [3 ]. Ces études soulevaient la question du rôle de l’infection chronique sur cette élévation des IgG4. L’objectif de notre travail est d’évaluer la prévalence d’une augmentation des IgG4 dans la M, et sa relation avec la situation clinique, microbiologique et pronostique.
Patients et méthodes |
Il s’agit d’une étude de cohorte prospective, monocentrique, et transversale, incluant les patients de plus de 18ans suivis pour une M dans le centre ressource et de compétence (CRCM) du CHU de Lyon au cours de l’année 2013. Les patients greffés ont été exclus. Les données cliniques, biologiques et microbiologiques ont été rétrospectivement recueillies, en particulier le genre, l’âge, l’IMC, l’atteinte des fonctions respiratoires, pancréatiques et endocriniennes ainsi que les manifestations d’hypersensibilité. Les patients ont été analysés en deux groupes, ceux présentant un taux IgG4 (immunoturbidimétrie) supérieur à 1350mg/dL (IgG4+), et les patients présentant un taux IgG4 inférieur à 1350mg/dL (IgG4−). Les comparaisons ont été réalisées avec le test de Fisher ou du Chi2 pour les proportions, et par le test de t-Student ou de Mann-Whitney pour les moyennes avec un seuil à p<0,05.
Résultats |
Cent soixante-cinq patients ont été inclus dans l’étude et 39 patients greffés exclus. Quarante-trois (26 %) patients présentaient un taux d’IgG4 supérieur à 1350mg/dL, 28 (65,1 %) étaient des hommes, d’âge moyen 29,7ans et d’IMC moyen 20,6. Les caractéristiques démographiques ne différaient pas entre les groupes IgG4+ et IgG4−. Sur le plan respiratoire, il n’y avait pas de différence statistique entre les deux groupes avec un VEMS moyen à 63 % dans le groupe IgG4+ versus 62,7 % dans le groupe IgG4− (p=0,96). Nous n’observions pas de différence également sur la colonisation chronique (p=0,28) à Staphylococcus aureus, P. aeruginosa, autres germes fermentants ou mycobactéries atypiques. La prévalence de S. aureus méticilline résistant était de 18,6 % dans le groupe IgG4+ contre 9,8 % (p=0,17). Le nombre d’exacerbation moyen annuel dans le groupe IgG4+ est de 1,19±1,4 contre 1±1,35 dans le groupe témoin (p=0,65) ; 97,7 % patients IgG4+ présentaient une insuffisance pancréatique exocrine contre 89,3 % dans le groupe IgG4− (p=0,12). 16,5 % des patients présentaient un syndrome d’obstruction intestinale distale quel que soit le groupe. Il n’y avait pas de différence sur la fréquence d’atteinte cirrhotique (4,7 % contre 2,5 % ; p=0,60), ni sur la prise de traitement anti-lithiasique biliaire (27,9 % contre 41,3 % ; p=0,14). Concernant l’atteinte pancréatique endocrine, 25,6 % versus 23,8 % des patients suivis étaient diabétiques (p=0,88) avec une HbA1c moyenne de 5,9 % et 5,7 % (p=0,13). Sept pour cent des patients IgG4+ contre 4,9 % dans le groupe témoin présentaient les symptômes d’arthropathie (p=0,15). Les patients présentant un taux d’IgG4 élevé ne présentaient pas plus de manifestations d’hypersensibilité médicamenteuse. Il n’y avait pas de différence entre les deux groupes concernant le nombre d’aspergillose broncho-pulmonaire allergique (16,3 % contre 14,8 % ; p=0,81). On relevait une hypergammaglobulinémie significative dans le groupe IgG4+ (16,11±4,06 contre 13,93±3,51 ; p=0,001) qui concernait les IgG et les sous-fractions G1 et G2.
Conclusion |
Un taux élevé d’IgG4 a été détecté chez 26 % de nos patients adultes suivis pour une M et témoigne de l’activation du système immunitaire. Ce taux ne semble pas avoir de signification clinique sur la fibrose parenchymateuse ou l’altération de la fonction respiratoire, sur le degré ou la nature de la colonisation ou sur le pronostic. L’élévation des IgG4 apparaît comme étant un épiphénomène immunologique corrélé à l’intensité d’une hypergammaglobulinémie.
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Vol 35 - N° S2
P. A165-A166 - décembre 2014 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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