Le domaine médical a depuis toujours fait appel aux nouvelles techniques à disposition pour l’imagerie, les interventions chirurgicales… mais c’était alors le praticien qui se trouvait face à ces outils. La nouveauté en Télémédecine est que le patient peut se trouver utilisateur direct de ces techniques. C’est le cas dans la remédiation cognitive assistée par ordinateur (RCAO). Développée pour les patients cérébraux-lésés, la RCAO s’est étendue à la psychiatrie et à la gérontopsychiatrie pour stimuler activement les fonctions cognitives déficitaires et entraîner le patient à être plus attentif, à mieux mémoriser les choses, à résoudre des problèmes.

Dans ce contexte, une étude préliminaire est en cours auprès de 24 patients présentant des troubles de l’humeur pour préciser le rôle du thérapeute vis-à-vis de ces nouveaux outils. En effet, la RCAO, en confrontant le patient à des exercices répétés de difficulté croissante, nécessite que ce dernier s’engage véritablement dans une relation avec l’ordinateur. La relation thérapeutique se déroule donc non plus entre deux mais trois acteurs : le patient, le thérapeute et l’ordinateur. Or, les usagers sont peu habitués à utiliser les nouvelles technologies au sein de leur prise en charge et ne sont pas spontanément rassurés par la présence de ces dernières. Leur usage fait appel aux capacités d’adaptation alors que les difficultés spécifiques du public accueilli rendent difficile l’investissement de ce nouveau média.

Dans ce contexte, le thérapeute a pour rôle de médier la relation entre le patient et l’ordinateur. Ce dernier ne présentant au patient que des phrases standardisées pour assurer une régulation affective, il s’agit de développer sa confiance dans l’outil afin de permettre l’instauration d’une alliance de travail. De plus, selon la familiarité du patient avec le numérique, certaines réticences vis-à-vis du dispositif seront à révéler afin de développer les aspects motivationnels. En outre, bien que la communication non verbale soit modifiée par la présence de l’ordinateur, les temps d’échange sur le ressenti du patient, les aspects empathiques et d’alliance affective vont pouvoir se développer au cours des rencontres et permettre ainsi l’instauration d’une alliance thérapeutique inter-humaine efficiente.