Premier cas de phaeohyphomycose à Pleurostoma ootheca chez un greffé rénal en Martinique - 24/11/14
Résumé |
Introduction |
Les phaeohyphomycoses sont des mycoses profondes opportunistes dues à des champignons pigmentés du groupe des dématiés. Bien qu’ubiquitaires, ces infections sont plus fréquentes dans les pays tropicaux. Nous rapportons la première observation de phaeohyphomycose à Pleurostoma ootheca (P. ootheca) survenue chez un patient ayant eu une greffe rénale en Martinique (Antilles Françaises).
Observations |
Un homme de 59ans, transplanté rénal depuis 14ans, traité par immunosuppresseurs (mycophénolate mofétil, tacrolimus et prednisone), présentait une tuméfaction douloureuse percée de clapiers purulents en regard de la malléole externe gauche, et évoluant depuis 1mois, malgré un traitement par amoxicilline-acide clavulanique de 3semaines. Le patient était apyrétique, sans syndrome inflammatoire biologique. Les prélèvements bactériologiques et mycobactériologiques étaient négatifs. L’examen histopathologique de la lésion montrait des granulomes épithélioïdes et giganto-cellulaires nécrosants non caséeux, et des filaments septés. La culture d’un fragment cutané sur milieu de Sabouraud, isolait des colonies noires en cocarde. L’analyse en biologie moléculaire (Centre national de référence des mycoses et des antifongiques [CNRMA], Institut Pasteur, Paris) permettait l’identification de P. ootheca. L’IRM de la cheville gauche décelait un épaississement du tendon achilléen et une nécrose de l’os naviculaire. Le diagnostic de phaeohyphomycose cutanée, tendineuse et osseuse à P. ootheca était posé. Un traitement adapté à l’antifongigramme par posaconazole permettait une évolution favorable à 8mois de traitement.
Discussion |
Il s’agit de la 1re description d’infection humaine avec cet agent pathogène. Identifié par Barr en 1985, P. ootheca est un champignon saprophyte des végétaux en décomposition. Les immunodéprimés, dont les transplantés d’organe sont à risque de développer des infections diverses comme les phaeohypomycoses, pouvant prendre des aspects cliniques très différents et être en lien avec des germes variés. Les antifongiques azolés posent, dans notre cas, le problème des interactions médicamenteuses avec le tacrolimus.
Conclusion |
Notre observation rappelle la nécessité d’une surveillance dermatologique rapprochée de toute lésion cutanéo-muqueuse persistante ou inhabituelle, survenant chez des immunodéprimés. Des prélèvements répétés à la recherche de champignons, bactéries, mycobactéries, virus ou parasites doivent être faits pour ne pas méconnaître une infection peu fréquente et potentiellement grave.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Greffe rénale, Interaction médicamenteuse, Phaeohyphomycose, Pleurostoma ootheca
Plan
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Vol 141 - N° 12S
P. S455 - décembre 2014 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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