Valeurs seuils des variations de PAS et PAM entraînant une désaturation cérébrale en oxygène chez les nourrissons de moins de 3 mois - 30/08/14
Résumé |
Introduction |
Des études récentes sont venues mettre l’accent sur l’effet délétère de l’hypotension artérielle peropératoire chez l’adulte [1 ]. En pédiatrie, des études suspectent fortement le rôle de l’hypotension artérielle dans la genèse d’encéphalopathies convulsivantes postopératoires. Toutefois, les valeurs exactes définissant cette hypotension restent du domaine du consensus professionnel plus que basées sur des éléments factuels [2 ]. L’objectif de cette étude est de déterminer les valeurs des variations de pression artérielle systolique (PAS) et pression artérielle moyenne (PAM) entraînant une désaturation cérébrale en O2 (ScO2<60 %) chez le nourrisson.
Matériel et méthodes |
Après accord du comité d’éthique local, les nourrissons de moins de 3 mois nécessitant une chirurgie étaient inclus. Les patients présentant une défaillance d’organe ou nécessitant un support en catécholamines étaient exclus. L’induction d’anesthésie était réalisée de manière standardisée après remplissage vasculaire (10mL/kg de cristalloïdes). Les patients bénéficiaient d’un monitorage standard ainsi que d’une ScO2 mesurée en frontal par un appareil INVOS (Covidien©). Les données de monitorage étaient collectées toutes les 5minutes. L’expression des résultats se fait par moyenne±écart-type ou pourcentage. La détermination des valeurs seuils des variations de PAS et PAM associées à une désaturation cérébrale<60 % est réalisée par analyse de la gray-zone de la courbe ROC. Les valeurs seuils des variations de PAS et de PAM sont définies par le pourcentage de baisse de ces dernières par rapport à une valeur de référence mesurée lors de l’induction de l’anesthésie en situation stable.
Résultats |
Soixante patients sont inclus de mai à octobre 2013. L’âge moyen est de 22,8±22jours, l’âge post-conceptuel de 40±4 SA. Dans 26,7 % des cas, les patients sont des prématurés. Au total 957 points de données sont obtenus. Une ScO2<60 % survient dans 10,3 % des cas (n=99). Les pourcentages de baisse de la PAS et de PAM sont en moyenne de 18±19 % et 20,6±27 %, respectivement. L’aire sous la courbe ROC pour ces pourcentages de baisse par rapport à la survenue d’une ScO2<60 % est de 0,74 (IC95 % : 0,7–0,8) pour la PAS et de 0,7 (IC95 % : 0,65–0,76) pour la PAM. Les pourcentages de baisse de la PAS et de la PAM au-delà desquels on observe une probabilité de faux positifs (prédiction d’une ScO2<60 % alors qu’elle n’existe pas)<10 % sont de 36,5 % et 44,5 % respectivement. Le pourcentage de baisse de la PAS et de la PAM en dessous duquel on observe une probabilité de faux négatifs (prédiction de l’absence d’une ScO2<60 % alors qu’elle existe)<10 % est de 18,5 % pour la PAS et la PAM.
Discussion |
Notre étude montre qu’une baisse de PAS>36 % ou de PAM>44 % par rapport aux valeurs de référence prises lors de l’induction de l’anesthésie sont associées dans 90 % des cas à une désaturation cérébrale en oxygène<60 %. À l’inverse, limiter cette baisse de PAS et PAM à moins de 18,5 %, permet de mettre à l’abri de ce risque et doit en conséquence être considérée comme la limite basse acceptable pour cette population. Ces valeurs se rapprochent de celles précédemment fixées comme associées à de potentielles lésions ischémiques et pourraient, sous couvert d’une confirmation, servir comme base d’intervention au cours de la période peropératoire en chirurgie pédiatrique.
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Vol 33 - N° S2
P. A52-A53 - septembre 2014 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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