L’utilisation de scores prédictifs permet-elle de guider l’instauration d’un traitement antifongique précoce chez les patients admis en réanimation pour péritonite ? - 30/08/14
Résumé |
Introduction |
Parmi les étiologies microbiologiques des péritonites graves, les levures sont fréquemment rencontrées. Bien que l’éradication du foyer infectieux soit une urgence, la détection difficile et retardée de ce type de micro-organisme peut différer l’instauration d’un traitement antifongique. Des scores prédictifs de la nature fongique de la péritonite ont été développés afin de permettre l’instauration d’un traitement précoce. C’est le cas du Candida score retenant comme critères de candidose invasive : un contexte chirurgical, une nutrition parentérale, une colonisation multifocale à Candida et un sepsis sévère [1 ]. Le score de Dupont, développé spécifiquement pour la localisation péritonéale, retient comme critères : un état de choc, l’origine sus-mésocolique de l’infection, le sexe féminin et une antibiothérapie en cours depuis plus de 48h [2 ]. L’objectif de ce travail était de comparer la pertinence du Candida score et du score de Dupont dans la prédiction de prélèvements péritonéaux positifs à levures.
Matériel et méthodes |
Il s’agit d’une étude de cohorte rétrospective de l’ensemble des patients admis en réanimation pour un tableau de péritonite grave entre 2010 et 2012. Les données démographiques et microbiologiques ont été recueillies. Les scores prédictifs de présence de levures intrapéritonéales (Candida score et score de Dupont) ont été calculés a posteriori et comparées à la réalité fongique dans cette population.
Résultats |
Cent vingt-cinq dossiers de péritonites ont été analysés. Parmi eux, 27 avaient des prélèvements intrapéritonéaux positifs à levures, soit une incidence de 21,6 %. Candida albicans était la principale espèce retrouvée (59 %). Un traitement antifongique était instauré chez 62,4 % des 125 patients, avec une utilisation majoritaire de caspofungine (58 %). Parmi les traitements instaurés, plus de 88 % étaient débutés de façon précoce, sans documentation mycologique. D’après notre analyse, 77 % d’entre eux sont à considérer comme des traitements par excès, les prélèvements péritonéaux ne retrouvant au final aucune levure. Concernant les scores prédictifs, le Candida Score permettait une prédiction statistiquement significative de la présence de levure en intrapéritonéal (p=0,007). Pour une valeur seuil>3, sa sensibilité était de 81,5 % et sa spécificité de 51 % (AUC=0,716, IC95 % : 0,628–0,793). À l’inverse, la valeur du score de Dupont ne permettait pas une prédiction efficace de prélèvements positifs (p=0,06). Pour un score>2, la sensibilité de ce test n’était que de 52 % et sa spécificité de 73,5 % (AUC=0,665, IC95 % : 0,575–0,747). Les courbes ROC de ces scores sont représentées sur la Fig. 1.
Discussion |
Dans notre population, le Candida score permet une prédiction modérément pertinente de la positivité des prélèvements péritonéaux à levures, à la différence du score de Dupont. L’utilisation du Candida score doit toutefois être encouragée afin de guider l’instauration d’un traitement antifongique précoce. Cette stratégie permettrait de réduire les traitements par excès des levures dans ce type de pathologie.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 33 - N° S2
P. A396 - septembre 2014 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?