Le harcèlement sexuel (HS) est un délit ayant d’importantes répercussions sur les victimes. Des préconisations préventives incombent aux professionnels de la santé au travail. L’identification du HS est un pré-requis de toute politique de prévention. L’objectif de notre contribution est d’éclairer par une approche transdisciplinaire les mécanismes à l’œuvre et d’évaluer l’effet de l’information délivrée sur l’identification du HS et sur la légitimité des salariés observateurs à intervenir auprès des victimes et des harceleurs.

Nous avons conduit une étude comparative randomisée contrôlée auprès de 304 salariés du secteur privé explorant l’effet de l’information délivrée (spécifique vs. contrôle), du genre des sujets observateurs (féminin vs. masculin) et de la relation entre les protagonistes d’un HS (hiérarchique vs. non hiérarchique) sur l’identification de 4 scénarii de HS et sur la légitimité perçue des sujets à intervenir auprès des protagonistes.

Par rapport à l’information contrôle, l’information spécifique réduit significativement le nombre de scénarii non reconnus en tant que HS (OR=0,59 ; IC95=[0,48–0,72]). Les femmes se perçoivent plus légitimes que les hommes à intervenir auprès de la victime (92 % vs. 84 % ; p<0,05). Les hommes se perçoivent plus légitimes que les femmes à intervenir auprès du harceleur (86 % vs. 72 % ; p<0,01). Par rapport à des relations non hiérarchiques, les relations hiérarchiques entre une victime et un harceleur potentiel augmentent de plus de 3 fois le déficit de légitimité des sujets à intervenir auprès de la victime (OR=3,43 ; IC95=[1,57–7,51]).

Les résultats sont cohérents avec les corpus théoriques relatifs à la prosocialité et au contrôle social. Le rapprochement des résultats d’identification et de plausibilité des scénarii dans le contexte professionnel permet de proposer un profil de scénario pédagogique. Le rendement de l’identification du HS grâce à l’information délivrée reste faible. En conséquence, des préconisations sont formulées pour améliorer les conseils de prévention.

Sexual harassment (SH) is an offense having a significant impact on victims’ health and social life. Preventive recommendations should be provided by occupational health staff. The identification of SH is a major step of a prevention policy. The aim of this study is to check the effect of information on the identification of SH scenarios and on the legitimacy of the witnesses to intervene with victims and harassers.

We conducted a randomized controlled comparative study in 304 employees exploring in different types of scenarios the effect of provided information (specific vs. control), the gender of the scenario evaluator (female vs. male) and the power relationship between the protagonists of a potential SH (hierarchical vs. non-hierarchical) on SH identification.

Compared to the control information, the specific information significantly reduces the number of scenarios unrecognized as SH (OR=0.59; IC95=[0.48–0.72]). Women see themselves more legitimate than men to intervene with the victim (92% vs. 84%; P<0.05). Men perceive themselves more legitimate than women to intervene with the harasser (86% vs. 72%; P<0.01). Compared to non-hierarchical relationships, hierarchical relationships between a victim and a potential harasser increase by more than 3 times the lack of legitimacy of the subjects to intervene with the victim (OR=3.43; IC95=[1.57–7.51]).

The results are discussed with regard to the theoretical corpus and to previous researches. When taking into account both identification and plausibility of scenarios, we could give an advice for selecting educational scenarios. However, the efficiency of SH identification by provided information remains low. Therefore, we emphasize the need for clear recommendations for SH to be implemented in the prevention plan.