La goutte est l’une des maladies métaboliques les plus anciennement décrites. Déjà connue durant la Haute-Égypte, elle avait ensuite été rapportée par Hippocrate, qui en faisait une maladie imputable au style de vie. Galien a été le premier à décrire les tophi et a attribué la goutte aux conséquences d’un déséquilibre entre les humeurs. Le terme de goutte provient du latin gutta car, au Moyen-Âge, on croyait que la douleur et l’inflammation étaient la conséquence de l’une des quatre humeurs qui « tombait telle une goutte de la tête dans une articulation». La goutte a été de tout temps associée à une alimentation trop riche et à un excès de consommation d’alcool ; elle frappait les nantis et était la maladie des princes et des rois. La colchicine, utilisée par les médecins byzantins comme traitement spécifique de l’accès de goutte, dès le V^e siècle, a été abandonnée au début de la renaissance en raison de sa toxicité digestive. Elle n’a été redécouverte qu’au XVIII^e siècle, par des médecins eux-mêmes atteints de goutte. La démonstration de la précipitation de microcristaux d’urates dans les articulations atteintes date du XIX^e siècle. Ce n’est qu’au XX^e siècle que la colchicine est consacrée, et que la physiopathologie et l’étiologie de la maladie sont comprises. Enfin, en 1967, est mis au point un inhibiteur de la xanthine-oxydase, l’allopurinol, qui va bouleverser la prise en charge thérapeutique et changer la face de cette affection très ancienne qui a joué un rôle dans l’histoire des hommes.

Gout is one of the oldest metabolic diseases. Known by the Aegyptians, it was carefully described by Hippocrat which attributed this disease to the life style. Galen was the first to describe tophi and believed that gout was the consequence of a fluid imbalance. The term of gout is derived from “gutta” and referred to a medieval concept that pain and inflammation was caused by an excess of one of the four “humors” which dropped from the head into a joint. Gout was associated to rich food and excessive alcohol consumption and has been considered as the disease of the Kings. Colchicine was considered as the specific treatment of gout attack by Byzantine's physicians until the Middle Age. This drug was then rejected until the 17^th century. The demonstration that acute gouty arthritis was the consequence of the precipitation of microcrystals of urate salts was obtained in the 19^th century. During the 20^th century, several advances occurred in the domains of gout's physiology, genetics and pharmacology – the main being the discovery of the xanthine-oxidase inhibitors (allopurinol)- and contributed to put on a new face for this long standing historical ailment.