Les troubles de l’humeur sont très fréquents dans la période périnatale. Ils se manifestent sous forme d’une humeur dépressive « sub-clinique » voire sous la forme d’une dépression post-partum avérée. Cette « dépressivité » provoque des perturbations des comportements de parentage, des troubles de la relation à l’enfant et débouchent sur des difficultés émotionnelles, cognitives et comportementales de l’enfant. Plusieurs facteurs peuvent néanmoins tempérer cet enchaînement. L’étude présentée dans cet article évalue dans quelle mesure l’alliance familiale et la satisfaction conjugale modèrent le lien entre dépressivité et développement de l’enfant. Cinquante-sept familles ont participé à l’étude avec leur bébé de trois mois. La dépressivité maternelle a été évaluée par entretien et par questionnaire. L’alliance familiale a été évaluée dans le Jeu Trilogique de Lausanne. La satisfaction conjugale et les symptômes de l’enfant sont rapportés par questionnaires par la mère. Les résultats montrent que (i) le niveau de dépressivité dans notre population est conforme à celui rapporté dans la littérature, (ii) il y a un lien entre dépressivité et difficultés de l’enfant, (iii) ces liens sont effectivement modérés par la satisfaction conjugale, qui joue le rôle de facteur protecteur, et par l’alliance familiale, qui joue le rôle de facteur aggravant. Ces résultats montrent qu’il est indispensable de tenir compte du contexte relationnel dans lequel la mère évolue, afin de pouvoir comprendre sous quelles conditions des troubles de l’humeur maternels vont affecter le développement de l’enfant.

Mood disturbances are frequent in the perinatal period. Mothers may present a “subthreshold” depression or even a diagnosed postpartum depression. This “depressiveness” is related to parenting behavior disruptions, to mother–child relationship disturbances and as a consequence they hamper the behavioral, cognitive and affective development of the child. However, several factors may buffer the negative effect of maternal depressiveness. The study presented in this paper assesses to what extent family alliance and marital satisfaction moderate the link between maternal depressiveness and child development. Fifty-seven families took part to the study with a 3-month-old infant. Depressiveness in mothers was assessed through self-reported questionnaire and diagnosis interview. Family alliance was assessed in the Lausanne Trilogue Play. Marital satisfaction and child symptoms were assessed by mothers through questionnaires. Results show that (i) the level of depressiveness in our sample is consistent with the prevalence in the general population, (ii) there is a link between maternal depressiveness and child symptoms, (iii) these links are indeed moderated by marital satisfaction, as a buffering factor, and by family alliance, as an aggravating factor. These results show the necessity to take into account the relational context of the mother in order to understand to what condition maternal mood disturbances may affect the development of the child.