Poser la question de la fin de vie en contraste avec celle de la faim de vie peut paraître provocant dans le débat actuel ouvrant la possibilité d’encadrer la demande d’euthanasie. Il est pourtant légitime de revenir sur les interrogations tant philosophiques que juridiques que cette question rencontre. Il importe aussi d’accepter de regarder les enjeux éthiques et les conséquences humaines de la médecine du bio-individu qui risquent de neutraliser la personne malade jusqu’à annihiler sa singularité, celle d’un être qui se sait mortel mais n’a pas le droit de demander à la collectivité sa mort programmée. La demande euthanasique voit son expression de plus en plus médicalisée et prendre la forme de plus en plus annoncée du suicide assisté. Attention alors à ne pas assister à la consécration d’un « autruicide ».

Raising the question of the end of life in contrast to the hunger of life could seem challenging in the current debate, opening the possibility of supervising the euthanasia request. Yet, it is legitimate to reconsider the philosophical and legal questions that this issue underlines. It is also important to accept to look at the ethical and human implications of bio-individual medicine, which may neutralize the ill person and even annihilate his/her singularity; that of a person conscious of his/her mortality but who is not allowed to request the community to program his/her death. The euthanasia request has become increasingly medicalized and has taken the form of an increasingly announced assisted suicide. One should therefore be careful to avoid the consecration of a “pseudo-suicide”.