Hyperplasie lymphoïde réactionnelle du foie : une entité rare et bénigne - 21/02/08
Un patient de 77 ans, hypertendu et diabétique non insulinodépendant depuis 15 ans, est hospitalisé pour altération de l’état général. Le bilan radiologique met en évidence une tumeur de la tête du pancréas et deux nodules hyperéchogènes dans les deux lobes hépatiques. Lors de l’exploration chirurgicale, l’examen extemporané d’un nodule hépatique de 0,5 cm de diamètre conclut à la métastase d’un adénocarcinome et la tumeur du pancréas n’est pas réséquée. Le deuxième nodule hépatique de siège sous-capsulaire, blanchâtre et ferme, assez bien limité, mesure 1 cm de diamètre. L’examen histologique de ce nodule montre de nombreux follicules lymphoïdes, certains à centre clair, mêlés à des canaux biliaires et à quelques hépatocytes résiduels. Il n’y a pas de lésion lympho-épithéliale. Le parenchyme hépatique adjacent a une architecture normale, sans fibrose. Il existe de minimes infiltrats lymphocytaire portaux et une cholestase centro-lobulaire. L’étude immunohistochimique pratiquée sur le nodule montre que la population lymphocytaire est de phénotype B (CD20+) principalement dans les follicules mais parfois aussi dans les zones interfolliculaires. Ces cellules CD 20+ sont CD5 -, CD 23 -. Dans le centre germinatif, elles expriment CD10 mais sont BCL2 -. Les lymphocytes des zones interfolliculaires sont des cellules T, CD 3+. Le diagnostic retenu est celui d’hyperplasie lymphoïde réactionnelle du foie. Cette lésion rare, également appelée lésion lymphoïde nodulaire du foie, est bénigne. Seuls 11 cas ont été rapportés à ce jour. La localisation hépatique de cette lésion a été rapportée en association avec le diabète sucré (comme chez notre patient), la thyroïdite d’Hashimoto, le syndrome de Sjögren ou l’hépatite virale C. L’étiologie et la pathogénie de ce type de lésion ne sont pas connues. Dans les localisations non hépatiques (tube digestif, poumons, seins, peau…) l’hyperplasie lymphoïde folliculaire réactionnelle a été fréquemment décrite en association avec des anomalies du système immunitaire comme les dysgammaglobulinémies, les maladies auto-immunes et les déficits immunitaires acquis. Cette lésion peut poser le problème du diagnostic différentiel avec les lymphomes malins notamment de bas grade et peut nécessiter, outre l’étude histologique et immunohistochimique, une étude de la clonalité lymphoïde. Ceci n’a pas été nécessaire dans notre observation. Cette lésion bénigne ne nécessite pas de traitement particulier.
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Vol 24 - N° HS1
P. 158 - novembre 2004 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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