L’arthrose après rupture du ligament croisé antérieur est analysée à partir de deux statistiques : la première est tirée de la révision de 150 plasties du ligament croisé antérieur (LCA) revues à plus de 3ans et où 13,3 p. 100 d’évolutions arthrosiques ont été observées. La deuxième concerne 64 arthroses unilatérales opérées par ostéotomie tibiale de valgisation et ayant eu dans leurs antécédents une rupture du LCA. Le délai de tolérance fonctionnelle de ces arthroses est très variable, allant pour l’histoire naturelle de 10 à 50ans avec un délai moyen de 35ans. Les signes radiologiques de début de cette arthrose sont importants à connaître : ostéophytose de l’échancrure, ostéophyte postérieur du plateau tibial interne et surtout pincement postérieur de l’interligne interne avec subluxation postérieure du condyle interne, bien visible sur la radiographie de profil en appui monopodal. Les arthroses précoces (10ans) peuvent s’observer dans l’histoire naturelle, mais elles sont surtout fréquentes après chirurgie, quand celle-ci ne corrige pas la laxité antérieure et surtout quand elle est réalisée sur des genoux déjà préarthrosiques. Le principal facteur de l’arthrose est la laxité antérieure, mesurée radiologiquement par un cliché dit de « Lachman actif ». L’ablation du ménisque interne, en elle-même arthrogène, est d’autant plus nocive qu’elle double l’importance de la subluxation antérieure du tibia qui apparaît en appui monopodal. La bascule du genou en varus qui caractérise les arthroses évolutives trouve d’abord son origine dans l’usure de la partie postérieure du plateau libial interne, induite par la laxité antérieure. D’autres facteurs jouent également un rôle important : laxité externe associée, genu varum constitutionnel, faiblesse des muscles ischio-jambiers qui s’opposent normalement à l’action subluxante du quadriceps.