Les principales interventions de réhabilitation et de soin non pharmacologique présentées dans cet article sont largement utilisées en pratique quotidienne avec les patients âgés souffrant de désordres neurocognitifs sans s'appuyer sur des recommandations claires quant au choix de la technique en fonction des troubles. La plupart ont fait l'objet de revues de la littérature qui ont mis en évidence une certaine efficacité à court terme sans pour autant faire la preuve de leur utilité à long terme. Elles ont cependant un impact sur la qualité de vie du patient et de ses proches. Des études complémentaires standardisées seraient utiles, mais l'objet même de ces approches rend difficile la mise en place de vastes études contrôlées. Ces constatations parcellaires nous obligent à repenser nos paradigmes, pour prendre en compte ce qui demeure et non pas seulement ce qui est perdu. Nous devons faire le pari d'une réorganisation de la vie mentale s'étayant sur des médiations : soins de support, relation aux tiers (médiations sociales et affectives), milieu de vie adapté (médiations sensorielles et environnementales), ouverture sur la création et la flexibilité (médiations artistiques). Des principes guident le choix de ces interventions : une approche centrée sur la personne, individualisée, globale plutôt que morcelée, intégrative, ajustée au stade de la maladie, et visant au maintien de son rôle social et familial. Leur pérennité repose sur l'éducation des aidants et la formation des soignants (encore insuffisante), dans le respect des valeurs qui fondent la relation d'aide, en une véritable éthique du care.