Introduction et objectifs–À l’heure actuelle il apparaît un intérêt de plus en plus important pour l’évaluation de la qualité de vie, que ce soit en pathologie mentale et plus particulièrement chez le sujet schizophrène ou en santé publique. Son utilisation est destinée non seulement à évaluer la perception qu’a un sujet de sa propre vie dans un contexte qui lui est propre, mais également l’impact que peuvent avoir ses traitements et sa maladie. La qualité de vie est donc un des éléments principaux qui doivent contribuer à la décision médicale. Toutefois, il apparaît nécessaire de redéfinir ce qu’est la qualité de vie chez le sujet schizophrène et la pertinence des instruments d’évaluation utilisés jusqu’à présent. C’est dans ce contexte que nous avons créé, selon le point de vue du patient, et validé une nouvelle échelle de qualité de vie utilisable sous forme d’autoquestionnaire. ­Méthodes–Trois étapes majeures ont été réalisées : 1) La première étape a consisté à identifier et à interviewer (par des psychologues) un panel de 100 patients souffrant de schizophrénie (DSM IV), le personnel soignant (n = 20) et la famille (n = 20). 2) Le verbatim ainsi constitué a servi de base de travail à un groupe de 25 experts, qui a in fine consensuellement proposé une première version (VF1) constituée de 133 items répartis en 17 domaines. 3) À partir des données de J0, d’un suivi prospectif observationnel, 337 psychiatres ont inclus près de 700 sujets afin de permettre la validation et la mise en évidence des propriétés psychométriques de cet instrument. Par ailleurs, une cohorte indépendante de 100 sujets a été constituée afin d’évaluer la fiabilité de l’échelle au travers de deux évaluations (J0 et J7). Résultats–Un total de 686 patients présentant un diagnostic de schizophrénie (85,1 %) ou de type schizoaffectif (14,9 %) ont été inclus. La structure de l’échelle SOL (The Schizophrenia Quality Of Life) après une analyse exploratoire (ACP) a permis d’identifier 74 items répartis en 14 dimensions avec une valeur d’α de Cronbach comprise entre 0,75 et 0,95 : vie professionnelle = 0,95 ; vie affective et sexuelle = 0,92 ; connaissance de la maladie : 0,90 ; relations en général : 0,92 ; satisfaction de vie : 0,87 ; rapport aux médicaments = 079 ; effet des médicaments sur le corps = 0,87 ; vie quotidienne = 0,83 ; relations familiales = 0,81 ; avenir = 0,88 ; sentiment de sécurité = 0,84 ; loisirs = 0,87 ; argent = 0,76 et autonomie = 0,75. Une bonne validité concourante a été établie en corrélation (Person) avec l’échelle BPRS et le questionnaire CGI (aspect clinique), l’échelle EAPS (aspect social) et l’échelle générique de qualité de vie RFS. Le coefficient de corrélation est significatif pour tous les facteurs sauf 2 avec la BPRS et 3 avec la CGI. L’analyse test/retest indique une bonne fiabilité et reproductibilité pour chaque facteur (p ≪ 0,001) avec un coefficient de corrélation le plus bas égal à 0,526. Conclusion–L’échelle SOL, basée sur le point de vue du patient est un instrument valide, multidimensionnel, pertinent, de bonne acceptabilité, permettant d’évaluer les conséquences de la maladie sur la qualité de vie de patients souffrant de schizophrénie.

Rationale/Objective–Quality of Life (QOL) has been recognized as an important measure of the outcome of patients by clinicians and policy makers in Mental Health. The emerging consensus in the health field that personal values and the patient’s preferences are important in monitoring the quality of medical care outcomes makes it even more important to assess the patient’s perspectives. Unfortunately, there is little consensus about what constitutes QOL or how to measure it, particularly in psychotic patients. The objective of this study is to report the stages of development and validation of a QOL questionnaire based on issues pertinent to patients with schizophrenia. Method–During a first phase, identical pattern were identified among interviews (conducted by psychologists) of schizophrenic patients (DSM IV, n = 100), mental health staff (n = 20) and families (n = 20). The data gathered in the first phase were discussed and organized, by 25 experts, into a structure that made up the skeleton of the scale (133 items, 17 factors). Based on a prospective epidemiological study conducted with 337 French psychiatrists, a validation analysis of structural and psychometric proprieties was performed. Finally reliability of the scale was assessed by a second test/retest (D0, D7) study (n = 100). Results–A total of 686 schizophrenic, schizophreniform or schizoaffective patients (DSM IV) were included. Internal consistency analysis identified 14 factors (74 items), all with a Cronbach’s alpha of at least 0.75 : professional life (0.95), affective and sexual life (0.92), illness knowledge (0.90), relationship (0.92), life satisfaction, (0.87), coping with drugs (0.79), drugs impact on the body (0.87), daily life (0.83), family relationship (0.81), future (0.88), security feeling (0.84), leisure (0.87), money management (0.76) and autonomy (0.75). Construct validity was confirmed (Pearson test) using established clinical (Brief Psychiatry Rating Scale and Clinical Global Improvement), social (Psychological Aptitude Rating Scale) and generic quality of life (Functional Status questionnaire) measures, correlation coefficient was significant for all factors but 2 in the BPRS (illness knowledge and coping with drugs) and 3 in the CGI (illness knowledge, coping with drugs and life satisfaction). Lastly, test/retest indicated high reliability for each factor (p ≪ 0.001), the lower correlation coefficient (r) was 0.526. Conclusions–The Schizophrenia Quality Of Life-scale (SOL), based on a patient’s point of view approach, is an efficient, multidimensional instrument designed for the measurement of the consequences of schizophrenia on individuals’ lives.