Divers recommandations et consensus d’expert envisagent les modalités de prise en charge des troubles dépressifs récurrents, en particulier en fonction des différents facteurs de risques identifiés de récidive. Mais peu de données sont disponibles sur la façon dont ces facteurs de risques influent sur les modalités de prise en charge des patients souffrant de dépression récurrente et en phase de rémission partielle ou totale. L’étude ÉCLAIR est une étude observationnelle longitudinale multicentrique nationale descriptive des différents facteurs participant aux prises de décisions des médecins dans le suivi des patients atteints de trouble dépressif unipolaire récurrent (au moins 3 épisodes dépressifs majeurs antérieurs, au sens du DSM IV). Le présent article concerne les données de cette étude recueillies à l’inclusion (V0), portant sur les caractéristiques démographiques et l’histoire de la maladie, le diagnostic, l’évaluation de la symptomatologie (CGI-S, HAM-D, échelle de Carroll, échelle de Sheehan) et l’évaluation de la personnalité (TCI). Un total de 596 patients présentant une dépression récurrente, et étant en rémission partielle (RPa) ou totale (RTo) au moment de l’inclusion ont été inclus. Le score moyen de l’HAM-D à V0 était de 10,3 ± 1,6 pour le groupe RPa, et de 4,0 ± 1,9 pour le groupe RTo. Le temps moyen écoulé depuis le dernier épisode était de 6,5 ± 10,5 mois dans le groupe RPa et de 11,2 ± 16,9 mois dans le groupe RTo (n = 385). Une symptomatologie résiduelle entre les intervalles précédents avait été systématiquement présente pour 47,6 % des patients du groupe RPa, et pour 26,7 % des patients du groupe RTo. Le sentiment d’avoir une vie quotidienne stressante restait présent chez 62,5 % des patients du groupe RPa et 34,3 % du groupe RTo ; la persistance du facteur causal était rapporté par 70,3 % des patients du groupe RPa et 57,9 % du groupe RTo. Les principaux facteurs de risque de récidive décrits par les patients étaient le nombre d’épisodes antérieurs (64,9 %), l’existence de conflits familiaux (52,9 %), et d’événements de vie récents (45,1 %). Au TCI, une différence significative a été retrouvée par rapport aux données normalisées de la population française pour trois dimensions : l’Évitement du danger, la Coopération, la Détermination. Cette étude confirme diverses caractéristiques des troubles dépressifs unipolaires, en particulier le risque élevé de récidive ultérieure chez des patients ayant déjà présenté plusieurs épisodes dépressifs. Dans la recherche d’indices prédictifs de récidives, ceux distinguant les patients susceptibles d’une rémission partielle et ceux qui présenteront une rémission totale seraient particulièrement intéressants.

Some guidelines and expert consensus consider the way of care management practices for the recurrent depressive disorder, particularly according to different identified risk factors for recurrence. But, few data are available about the way that these risk factors influence the care management of depressive recurrent patients during the partial or complete remission phase. Eclair study is a longitudinal observatory multicentric and national study, which describes the different risk factors that influence the psychiatrist decision about the following of patients suffering form Major Depressive Disorder (at least 3 Major Depressive Episode (MDE) according to DSM IV). This article presents the inclusion data (V0) of patients, with a focus on their demography characteristics and history of trouble, diagnosis, symptomatology evaluation (with CGI-S, HAM-D, Carroll scale and Sheehan scale) and Cloninger’s personality questionnaire (TCI). A total of 596 patients with a recurrent depression either on partial remission (PaR) or complete remission (ToR) to their last episode at the selection, have been included. Complete remission was defined by the presence of a maximum of two criteria of MDE (according to DSM IV) excepted depressed mood and diminished interest or pleasure during at least two months with a HAM-D (17 items) score ≪ 7 and partial remission was defined by the persistence of depressed symptoms but not sufficient to complete a diagnosis of MDE (according to DSM IV) associated with a HAM-D (17 items) score between 8 and 13 included. Mean HAM-D scores at V0 were 10.3 ± 1.6 for PaR group and 4.0 ± 1.9 for the ToR group. Free time since last episode was 6.5 ± 10.5 months in ToR group and 11.2 ± 16.9 months in PaR group (n = 385). Residual symptomatology between prior episodes was systematically present for 47.6 % patients in PaR group, and for 26.7 % patients ToR group. The feel to have a stressful dialy life persisted for 62.5 % of patient in PaR group and 34.3 % in ToR group ; 70.3 % patients in PaR group and 57.9 % patients in ToR group reported persistence of causal factor.The main collected risk factors for recurrence were the number of prior depressive episodes (64.9 %), familial conflict existence (52.9 %) and recent events of life (45.1 %). In the TCI, a significant difference in comparison with the French normative data has been found for 3 dimensions : Harm Avoidance, Cooperativeness and Self-Directedness. Some differences were obtained for Novelty Seeking, Reward Dependence, and Self-Transcendence, but without sufficient clinical significance.This study confirms various characteristics about the unipolar depressive disorder, particularly the high risk of recurrence in patients with high number of previous episodes. In the research of predictive depressive recurrence signs, it would be interesting to focus on discriminating elements between complete remitted patients and partial remitted patients.