Nous tenterons de montrer comment le respect de l'enfant et de l'adolescent dans la prise en charge d'une maladie passe par une meilleure connaissance de leur capacité à l'analyser et à la vivre. Notre article montre les tensions que vivent ces jeunes patients, en pleine phase d'autonomisation physique, psychique et donc en pleine difficulté pour assumer leur propre prise en charge.

En effet, que l'on soit dans le contexte de l'éclosion d'une maladie en période pubertaire ou de l'évolution d'une pathologie somatique, chez les adolescents porteurs d'une affection grave un travail particulier d'élaboration psychique est toujours nécessaire : au travail de la maladie s'adjoint le travail d'adolescence.

Le travail de la maladie consiste en un ensemble d'opérations psychiques permettant au patient un réinvestissement de son corps malade et ainsi le monde extérieur. On montrera que la qualité du travail de la maladie dépend d'abord d'un « pré-travail » d'élaboration des parents permettant d'apaiser leurs angoisses et leur culpabilité. À l'adolescence, l'enfant prend le relais par un travail d'élaboration de la maladie nécessaire pour une acceptation des soins. On verra comment cette tache est rendue difficile à un âge ou les transformations pubertaires bouleversent déjà les repères de l'adolescent. Deux cas de figure distincts seront envisagés : premièrement, l'adolescence du sujet porteur d'une pathologie au long cours où sera discuté entre autre le risque d'une inamovibilité des aménagements défensifs mis en place depuis l'enfance, et ensuite le cas de l'éclosion d'une maladie grave et durable en période pubertaire qui n'est pas sans conséquence sur les remaniements psychiques et fantasmatiques de cet âge. L'acceptation du corps pubertaire malade repose dans les deux cas sur la possibilité pour ces adolescents de mener parallèlement un travail de la maladie et de l'adolescence dans lesquels corps malade et corps sexué doivent conjointement être l'objet d'un travail de représentation.

Il apparaîtra que la prise en compte par le médecin et son équipe du processus d'adolescence est de nature à faciliter la remise en chantier des constructions théoriques personnelles à travers lesquelles s'articulent et se différencient fantasmes et réalité de la maladie.

We will attempt to show that respect given to children and adolescents in medical care is dependent upon the healthcare team's knowledge of the subject's capacity to analyze his/her situation and to live with his/her illness. Our article describes the inherent tensions in the changing physical and psychological independence of children and adolescents, and the subsequent difficulties in their coming to terms with illness and care.

Whether in the context of medical illness beginning with puberty or pre-existing before puberty, all seriously ill adolescents require in-depth psychological assessment both of the disease process and its acceptance and of adolescence itself.

The psychological care required for young patients consists of treatment aimed at re-appropriation of the unwell body and the outside world. We will show that the quality of this care depends upon preparatory work done with parents to soothe their anguish and guilt. In adolescence, the patient takes over the role of coming to terms with the illness, which is necessary for accepting medical care. We will show how difficult this task is at ages where pubertal changes upset the adolescent's psychic landmarks.

Two distinct cases will be considered. Firstly, longstanding illness in patients reaching adolescence, where we will discuss amongst others the risk of rigid fixation of childhood defensive strategies. Secondly, severe and long-lasting illness commencing in puberty, and the consequences upon the psychological reshaping and fantasies of this age. Acceptance of the “sick” pubertal body in both cases depends upon psychological progress in the domains of disease and of adolescence, in which the sick body and sexual body must be jointly represented.

It will be shown that by taking into account the process of adolescence, the healthcare team can help the patient clarify and differentiate fantasies from the reality of the illness.