Introduction – objectifs : La classification 2013 de la maladie rénale chronique (MRC) a pour objectif une meilleure évaluation du risque de progression de la MRC et de la mortalité associée. Elle fait appel à l’estimation du débit de filtration glomérulaire (DFG) et la mesure du ratio albuminurie/créatininurie (ACR), et non plus seulement au DFG. L’objectif était d’évaluer l’impact de l’utilisation de cette classification dans une population de patients infectés par VIH, considéré comme à plus haut risque de MRC que la population générale.

Matériels et méthodes : Comparaison de la proportion (test de Mc Nemar) des patients à risque de MRC, selon le DFG estimé par la formule CKD-EPI, décrite comme la plus précise, (DFG < 60 mL/min/1,73 m²), et des patients considérés à risque en utilisant le critère combiné DFG et ACR > 30 mg/g au sein d’une cohorte monocentrique de patients infectés par VIH.

Résultats : Étude conduite chez 203 patients (âge moyen 49 ± 10 ans, traitement anti-rétroviral dans 93 % [n = 189] des cas contenant dans 55 % des cas du ténofovir, avec une charge virale indétectable dans 83 % [n = 169] des cas). Le DFG estimé moyen était de 98 mL/min/1,73 m² (±17). L’ACR dépassait 30 mg/g chez 39 patients (19 %). Seulement 7 patients avaient un DFG estimé < 60 ml/min/1,73 m². En utilisant un critère combinant DFG estimé et ACR, 41 patients (20 %) étaient considérés à risque de progression vers l’insuffisance rénale chronique, contre 7 lorsqu’on ne tient pas compte de l’ACR. La proportion de patients reconnus à risque en utilisant cette classification est significativement supérieure à la proportion reconnue à risque uniquement à partir de l’estimation du DFG (p < 0,005, nombre de patients multipliés par 5,85).

Conclusion : L’utilisation de la classification K-DIGO 2013 chez les patients infectés par VIH identifie près de 20 % de ceux-ci comme à risque et devant bénéficier d’une surveillance régulière.