Introduction – objectifs : P. multocida est l’agent infectieux le plus fréquemment retrouvé dans les infections cutanées par morsure d’animal domestique. Cette infection peut être responsable de bactériémie pour les cas les plus sévères, ce qui est peu décrit dans la littérature. L’objectif de notre étude était de réaliser une description clinique et paraclinique d’une série de cas de bactériémie à P. multocida.

Matériels et méthodes : Il s’agit d’une étude épidémiologique descriptive rétrospective sur les cas de bactériémie à P. multocida survenus entre 2000 et 2012 dans deux centres hospitaliers. Nous avons inclus tous les patients pour lesquels au moins une hémoculture est revenue positive à ce germe durant cette période.

Résultats : Quinze cas ont été retrouvés. Le sex-ratio était de 2 femmes pour 1 homme, l’âge moyen de 70 ans. Quatre-vingt et un pour cent des patients avaient un animal domestique (7 chats, 1 chien). Tous les patients sauf 1 avaient des facteurs immunomodulateurs (cirrhose et cancer pour les plus fréquents). L’expression clinique était respiratoire 46 % (n = 7), cutanée 26 % (n = 4), articulaire (n = 2) et abdominale (n = 1). Pour 4 patients, la fièvre était le seul symptôme. Cinq patients ont été hospitalisés en réanimation : 2 pour choc septique, 1 pour sepsis sévère et 2 pour détresse respiratoire aiguë. La durée d’hospitalisation médiane était de 9 jours (de 3 à 44 jours). L’antibiotique le plus prescrit a été l’amoxicilline (n = 7) et la durée moyenne d’antibiothérapie était de 15 jours. Le taux de mortalité était de 33 %.

Conclusion : La bactériémie à P. Multocida est une pathologie rare mais grave et d’expression clinique variée. La présence d’au moins deux comorbidités, une cirrhose et une atteinte respiratoire, semble être associée à une mortalité plus élevée.