La mise au point et la validation d’outils clinimétriques sont importantes pour le développement de la recherche clinique dans l’insuffisance veineuse chronique. La chromamétrie permet de mesurer de manière simple, rapide et non invasive la couleur de la peau. Nous avons testé la capacité de la chromamétrie à quantifier la sévérité de l’atteinte clinique cutanée de l’insuffisance veineuse, à partir de la mesure de l’intensité de la pigmentation, et étudié la variabilité des mesures obtenues.

Les mesures ont été réalisées en trois sites différents, au niveau de chacun des deux membres inférieurs, chez 42 patients suivant une cure thermale à La Léchère (Savoie) pour maladie veineuse chronique. Chaque sujet a fait l’objet de quatre séries de mesures, en deux séances espacées de deux à quatre jours, et par deux opérateurs différents.

Le chromamètre permet de mesurer simplement un index de pigmentation (IP). Celui-ci augmente avec les classes cliniques de la classification Clinical-Etiology-Anatomy-Pathophysiology (CEAP) de gravité croissante quand il est mesuré au niveau de la malléole interne (r=0,48 ; p<0,001), de la région sus-malléolaire (r=0,55 ; p<0,001), mais pas de la tubérosité tibiale antérieure (r=–0,09 ; p=0,45). La répétabilité et les reproductibilités intra- et interobservateurs de cet index IP sont respectivement de 15 %, 18 % et 21 % de la moyenne des écarts observés à la malléole. Le chromamètre fournit également un index d’érythème (IE) dont la valeur informative et la variabilité sont moins performantes que celles de l’IP, mais qui constitue une information complémentaire potentiellement utile pour évaluer l’inflammation cutanée associée à la maladie.

Cette étude confirme l’intérêt de la chromamétrie pour quantifier le retentissement cutané de l’insuffisance veineuse chronique dans le cadre de travaux de recherche clinique. D’autres études sont nécessaires pour évaluer son potentiel dans la détection précoce et le suivi individuel de patients atteints de troubles trophiques veineux.

The development and validation of new clinimetric tools is essential for the progress of clinical research in the field of chronic venous insufficiency. Chromametry is a simple, quick and non-invasive technique that measures the color of the skin. The aim of this study was to evaluate the ability of this technique to quantify skin pigmentation as a marker of severity of chronic venous disease and to assess the variability of measurements obtained in this condition.

Chomametry was performed on three different sites on each lower limb in 42 patients undergoing a spa treatment in La Léchère (Savoie) for chronic venous disorders (CVD). Four series of measurements were taken by two investigators for each patient, at two sessions two to four days apart.

The chromameter readily measured the pigmentation index (PI). The PI increased with higher clinical class (CEAP classification) for measurements made at the malleolar level (r=0.48; P<0.001) and the supra-malleolar area (r=0.55; P<0.001), but not at the level of the anterior tibial tuberosity (r=–0.09; P=0.45). The repeatability and the intra- and inter-observer reproducibility of this PI index were 15%, 18% and 21% respectively of the mean of the observed difference at the malleolar level. The chromameter also provided an erythema index, which appears to be less relevant and more variable than the PI, but which might add potentially useful information regarding the characterization of skin inflammation related to the venous disease.

This study shows that chromametry can be used in clinical research studies to quantify skin changes associated with CVD. Whether it can also be useful for early detection and follow-up of patients with venous trophic changes remains to be investigated.