Le but de cette étude était d’évaluer l’intérêt du monitorage des nerfs laryngés inférieurs (NLI) dans la stratégie opératoire des thyroïdectomies et parathyroïdectomies totales. Le risque respiratoire d’une paralysie récurrentielle (PR) bilatérale peut faire discuter une chirurgie en deux temps en cas de non stimulation du premier côté.

Cette étude prospective a été réalisée chez 100 patients successifs, de mai 2007 à mars 2011. Un monitorage était réalisé par voie translaryngée. Le NLI du premier côté disséqué était stimulé. En cas de stimulation négative, l’abord controlatéral était différé pour éviter le risque de PR bilatérale.

Les indications étaient principalement un carcinome thyroïdien (34 %), une maladie de Basedow (27 %), un goitre multinodulaire (27 %) et une hyperplasie des parathyroïdes (9 %). Il s’agissait d’une reprise chirurgicale chez sept patients. Quatre NLI identifiés du premier côté n’étaient pas stimulables, faisant différer l’abord controlatéral. Une PR unilatérale transitoire était observée chez ces quatre patients et deux PR étaient observées alors que la stimulation était positive. Du second côté, parmi les 96 NLI qui devaient être stimulés, deux n’ont pas été visualisés (une PR transitoire, une PR définitive), deux n’étaient pas stimulables (deux PR définitives) et 92 étaient stimulables (neuf PR transitoires dont deux associées au premier côté paralysé transitoirement, une PR définitive). L’incidence, à l’échelle nerf, des PR transitoires était de 9,6 % et celle des PR définitives (unilatérales) était de 2 %.

Lorsqu’un abord bilatéral des loges récurrentielles est prévu, le monitorage des NLI présente un intérêt majeur dans le but de limiter le risque de PR bilatérale. Une thyroïdectomie en deux temps, dans l’attente de la récupération fonctionnelle du NLI traumatisé peut ainsi être décidée. Le risque d’une PR bilatérale a été évité chez quatre patients, alors que chez deux patients, une PR bilatérale transitoire a été observée malgré une stimulation positive.