Application des recommandations de la conférence de consensus devant des symptômes ORL, respiratoires ou des douleurs thoraciques considérés comme dus à un reflux gastro-œsophagien - 06/06/13
Application of the recommendations of the conference of consensus in front of symptoms ENT, respiratory or thoracic pains considered as due to a gastroesophageal reflux disease
Résumé |
Objectifs |
Évaluer la prévalence des symptômes extradigestifs (SED) (asthme, douleur pharyngée, enrouement chronique, sensation d’étouffement nocturne, toux chronique, toux nocturne, douleurs thoraciques pseudo-angineuses) suspects dus à un reflux gastro-œsophagien (RGO) dans une population consultant en médecine générale. Comparer la démarche diagnostique et thérapeutique adoptée initialement puis lors du suivi à celle recommandée par la conférence de consensus franco-belge sur le RGO de l’adulte (1999).
Méthodes |
Cette enquête a été réalisée auprès de 578 médecins généralistes (MG). Les différents SED ont été systématiquement recherchés chez tous les patients (≥18ans) consultant sur trois jours. Seuls les patients considérés a priori comme ayant un ou des SED en rapport avec un RGO ont été inclus dans l’étude. À chaque consultation (C1 à l’inclusion, C2 à 1 mois et C3 à 4 mois), la démarche diagnostique et thérapeutique a été analysée, notée et le degré de certitude du MG sur la responsabilité du RGO dans ces SED quantifié sur une échelle visuelle analogique (EVA). Les critères ayant conduit les MG à considérer la responsabilité du RGO comme certaine ou douteuse ont été étudiés.
Résultats |
Sur un total de 33487 consultants, 14 % décrivaient des SED (toux : 6,7 % ; symptôme ORL : 7,7 % ; douleur thoracique : 2,3 %). Parmi les patients avec SED, 22 % (1063) ont été inclus dans l’étude pour suspicion de RGO alors que 45 % (481) ne décrivaient ni antécédents ni symptôme digestif typique de RGO. L’attitude diagnostique n’était pas différente selon que le patient avait des symptômes typiques de RGO associés aux SED (A+) ou non (A−) : 83,7 % des patients (A+) versus 86,5 % (A−) ont reçu d’emblée un traitement anti-reflux, 4,9 % (A+) versus 7,9 % (A−) ont eu des examens complémentaires et 5,2 % (A+) versus 4,4 % (A−) un avis spécialisé. Le traitement anti-reflux initial comprenait à 87 % un inhibiteur de la pompe à protons (IPP) [demi-dose : 47 % ; pleine dose : 50 % ; double dose : 2,5 %], un prokinétique dans 3,2 % des cas et un autre médicament dans 13 % des cas. Au terme des quatre mois de suivi, la responsabilité du RGO était considérée comme certaine chez 74,7 % des patients inclus (794/1063). L’opinion du MG reposait sur la réponse au traitement anti-reflux à 92 %, sur l’endoscopie à 6,7 %, sur la pHmétrie à 0,3 % et sur un avis spécialisé à 6 % des cas.
Conclusions |
Il existait une différence importante entre les recommandations de la conférence franco-belge de consensus sur le RGO de l’adulte et les pratiques observées en médecine générale. La démarche diagnostique et thérapeutique était empirique avec recours aux examens complémentaires dans moins de 10 % des cas. Le degré de certitude sur la responsabilité du RGO reposait essentiellement sur la réponse au traitement par les IPP.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Summary |
Aims |
The primary objectives of this observatory were: (1) to assess the prevalence of extradigestive symptoms (EDS) (asthma, pharyngeal pain, chronic hoarseness, nocturnal breathlessness, chronic or nocturnal cough, non-cardiac chest pain) which are suspected of being associated with gastro-oesophageal reflux (GERD) in a population consulting in general practice; (2) to compare the diagnostic and therapeutic approach adopted initially and at follow-up to the recommendations of the French-Belgian Consensus Conference on adult GERD (1999).
Methods |
The survey was conducted among 578 general practitioners (GPs). All EDS were investigated in patients (≥18y.o.) consulting over 3days. Only patients considered a priori as having GERD related EDS were included in study. At each visit (initial and at 1 and 4months), the diagnostic and therapeutic approach was analyzed, scored, and the GP’s certainty regarding the accountability of GER in the EDS rated using the visual analogue scale (VAS). The criteria used by GPs to evaluate GER accountability as certain or doubtful were examined.
Results |
Out of 33,487 consulting patients, 14% presented EDS (cough: 6.7%; ENT symptoms: 7.7%; chest pain: 2.3%). Among patients presenting EDS, 22% (1063) were included in the study based on suspicion of GERD, whereas 45% (481) had neither history nor digestive symptoms typically associated with GERD. The diagnostic approach did not vary whether the patient presented typical EDS associated symptoms (A+) or not (A−): 83.7% of patients (A+) versus 86.5% (A−) immediately received acid reflux treatment; 4.6% (A+) versus 7.9% (A−) underwent additional testing and 5.2% (A+) versus 4.4% (A−) were referred to a specialist. In 87% of cases, acid reflux treatment included a proton pump inhibitor (PPI) (half-dose: 47.2%, standard dose 50.3%, double dose 2.5%); in 8.1% of patients initial acid reflux treatment included an H2 antagonist while in 3.2% of patients treatment included prokinetic drugs. At 4months of follow-up, GERD accountability was considered certain in 74.7% of the patients included in the assessment (794/1063). The GPs opinion was based on response to acid reflux treatment in 92% of cases, on endoscopy in 6.7% of cases, on pH monitoring in 0.3% of cases and on a specialist’s opinion in 6% of cases.
Conclusion |
There is a considerable difference between the recommendations of the French-Belgian Consensus Conference on adult GERD and the practices observed in general medicine. The diagnostic and therapeutic approaches were empirical with recourse to additional exams in less than 10% of cases. The degree of certainty as to GERD accountability was based primarily on response to PPI treatment.
Ce qui était connu
• | Il existe une association entre le reflux gastro-œsophagien (RGO) et certains symptômes extradigestifs (SED). |
• | La conférence de consensus sur le RGO de l’adulte de 1999 préconise une endoscopie haute en première intention et une pHmétrie œsophagienne sur 24heures pour apporter la preuve d’un RGO avant d’entreprendre un traitement anti-reflux. |
Ce qu’apporte l’article
• | Le RGO est suspecté chez 22,7 % des patients ayant des SED et consultant en médecine générale. |
• | L’attitude pratique des médecins généralistes devant une suspicion de SED lié à un RGO est très éloignée des recommandations de la conférence de consensus de 1999 (faible recours aux examens complémentaires avant mise en route du traitement anti-reflux). |
• | Le degré de certitude sur la responsabilité du RGO repose essentiellement sur la réponse au traitement. |
Plan
Vol 42 - N° 5
P. e125-e132 - mai 2013 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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