Immunosuppressive drug-induced diabetes - 17/02/08
Diabète induit par les immunosuppresseurs |
Le diabète post-transplantation (DPT) est un des principaux effets secondaires des immunosuppresseurs. Avec l’augmentation de la survie des receveurs d’organes, les complications du diabète sont devenues un problème majeur. L’action diabétogène principale des corticoïdes passe par l’aggravation de l’insulinorésistance, mais plusieurs études ont rapporté des effets délétères sur la sécrétion d’insuline et sur la cellule β pancréatique. Les inhibiteurs de la calcineurine peuvent induire un DPT par plusieurs mécanismes, principalement en diminuant la sécrétion d’insuline et par un effet toxique direct sur la cellule β. Des études in vitro récentes ont montré une augmentation de l’apoptose des cellules, soumises aux inhibiteurs de la calcineurine. Dans de rares études qui impliquent d’autres immunosuppresseurs [mycophénolate mofétil (MMF), sirolimus] les résultats apparaissent contradictoires, le daclizumab semble, quant à lui, ne présenter aucun effet délétère.
Les études cliniques s’accordent, cependant, à démontrer le fort potentiel du tacrolimus à induire un DPT en comparaison à la ciclosporine. La réduction de l’incidence du DPT est possible et repose sur l’utilisation de schémas d’immunosuppression sans glucocorticoïdes et/ou avec de faibles doses de tacrolimus. Chez les patients développant un DPT, la substitution du tacrolimus par la ciclosporine est susceptible d’améliorer ou de corriger les anomalies du métabolisme glucidique. En l’absence d’études spécifiques réalisées dans ce domaine, la prise en charge du DPT est semblable à celle du diabète de type 2. Les thiazolidinediones ne présentent aucune interaction pharmacologique avec les inhibiteurs de la calcineurine, mais leur efficacité et leur tolérance nécessitent d’être confirmées dans des études randomisées à grande échelle. Le recours aux sulfamides hypoglycémiants doit rester prudent en raison, pour certains d’entre eux, d’interactions avec les inhibiteurs de la calcineurine. Si nécessaire, les schémas d’insulinothérapie doivent être adaptés chez les patients présentant le profil glycémique particulier du diabète cortico-induit. Les incrétino-mimétiques, de par leur action spécifique sur l’apoptose et sur la prolifération des cellules β, représentent une thérapeutique d’avenir dans cette indication du DPT, mais ces promesses doivent être confrontées aux résultats d’études cliniques. Dans l’attente de méthodes susceptibles d’induire une tolérance spécifique en greffe d’organe, le recours aux immunosuppresseurs doit être adapté à chaque patient en fonction de son risque potentiel de développer un DPT.
Post-transplant diabetes mellitus (PTDM) has emerged as a major adverse effect of immunosuppressive drugs (ISD). As recipients of organ transplants survive longer, the complications of diabetes mellitus have assumed greater importance. The predominant factor for causing PTDM by corticosteroids seems to be the aggravation of insulin resistance, however several studies have displayed deleterious effects on insulin secretion and β-cells. Calcineurin inhibitors induce PTDM by a number of mechanisms, including decreased insulin secretion and a direct toxic effect on the pancreatic β-cells. Recent in vitro studies stress on the increased apoptosis of β-cells when exposed to these drugs. Studies involving other immunosuppressive agents (mycophenolate mofetil [MMF], sirolimus) are scarcer and lead to conflicting results, while daclizumab seems to have a neutral effect. Clinical studies have consistently shown a greater potential of tacrolimus to induce PTDM compared with cyclosporine. Reducing PTDM incidence is a feasible goal while using corticosteroid-sparing regimens and/or lower tacrolimus trough levels. In patients developing PTDM, conversion from tacrolimus to cyclosporine could improve or reverse glucose tolerance abnormalities. In the absence of well-designed studies in this specific indication, treatment of PTDM is based on the same principles as type 2 diabetes mellitus. Thiazolidinediones do not display any pharmacological interaction with calcineurin inhibitors, but their safety and efficacy in PTDM need to be confirmed in large-scale randomized trials. Use of sulfonylureas has to be cautious regarding the suspected interaction of some of them with calcineurin inhibitors. If needed, insulin regimens have to be adapted in patients who display the particular glycaemic profile of corticosteroid-induced diabetes. Incretin-based therapies, due to their specific action on β-cell apoptosis and proliferation, raise promises that have to be confirmed in clinical studies.
Until methods for inducing specific graft tolerance become available, immunosuppressive regimens should be tailored to the individual patient on the basis of predictive criteria for the development of PTDM.
Mots clés :
Diabète post-transplantation
,
Traitement immunosuppresseur
,
Tacrolimus
,
Cyclosporine
,
Glucocorticoïdes
,
Revue générale
Keywords: Post-transplant diabetes mellitus , Immunosuppressive drugs , Tacrolimus , Cyclosporin , Corticosteroids , Review
Plan
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Vol 32 - N° 5-C2
P. 539-546 - décembre 2006 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.