Les progrès considérables effectués dans la compréhension de la physiopathologie de la polyarthrite rhumatoïde (PR) ont déjà eu des conséquences thérapeutiques majeures pour les malades souffrant de cette pathologie. Mais les traitements n’ont actuellement qu’un effet suspensif, et il faudra sans doute mieux appréhender les phases les plus précoces de la maladie, voire décoder les facteurs étiologiques probablement multiples de la PR pour permettre d’authentiques guérisons. C’est tout l’enjeu des études consacrées à la phase préclinique de la PR. Cette synthèse de la littérature montre que le conflit immunologique naît très vraisemblablement en dehors de l’articulation, au niveau de sites muqueux, notamment au sein des voies aérodigestives supérieures. Cette phase préclinique peut évoluer de nombreuses années, et il est vraisemblable que, dans certains cas, elle tourne court et n’évolue pas vers la constitution d’arthrites. Ailleurs, on assiste dans un premier temps à un emballement du conflit immunologique, caractérisé par une élévation du taux des auto-anticorps puis des paramètres inflammatoires sériques avant que n’apparaissent les premières arthrites. Cette meilleure connaissance de la phase préclinique permet, au delà des marqueurs génétiques, de définir un profil de sujets à haut risque de développer une PR ; elle permettra peut être un jour de mettre en place des stratégies préventives.