Longtemps de classification incertaine, les bactéries du genre Acinetobacter, étaient connues comme saprophytes, présentes dans l‘environnement (eaux et sol), et chez l’homme, au niveau de la peau, des muqueuses et du tube digestif. Elles font partie de la flore normale de 20 à 25 % des sujets sains. Leur identification a été précisée avec environ 30 espèces génomiques formant le genre Acinetobacter : l’espèce la plus fréquente et la plus résistante impliquée dans les infections est Acinetobacter baumannii. Bien que de pathogénicité limitée, ces bactéries se sont inscrites depuis 20 ans parmi les bactéries les plus redoutées des services de réanimation : ces bacilles à Gram négatif sont agents d’infections nosocomiales, sporadiques ou épidémiques. Chez des patients immunodéprimés, avec multiples facteurs de risque, ils sont responsables d’infections nosocomiales sévères. Ils ont développé des mécanismes de résistance vis à vis d’antibiotiques majeurs : ces résistances sont source de difficiles problèmes thérapeutiques dans des infections telles que pneumopathies nosocomiales, septicémies, endocardites, méningites secondaires, infections chirurgicales. Les traitements reposent sur des associations d’antibiotiques choisies sur des tests de bactéricidie précis in vitro. L’épidémiologie, la virulence et le rôle pathogène des Acinetobacter dans les infections nosocomiales, longtemps sous estimés, sont aujourd’hui bien établis et leur extension reconnue partout dans le monde. Des infections extra-hospitalières à Acinetobacter peuvent survenir sur certains terrains (diabète, alcoolisme) en milieu tropical ou lors de situations violentes (guerres, séismes). Les recherches actuelles s’orientent vers la mise en évidence des mécanismes de la virulence de ces bactéries.

For a long time, identification of Acinetobacter remained erratic: known as a saprophytic organism in the environment and carried by humans (skin, mucosa, digestive tract in 20 to 25 % of healthy humans), it is only recently that this Gram negative organism has been recognised as a pathogenic agent, responsible for nosocomial infections: they constitute the most difficult to treat infections in Intensive Care Units. Acinetobacter has developed a wide variety of resistance mechanisms to major antibiotics, initially active against these bacteria. Sporadic cases or outbreaks of infections (frequent infection sites: pneumonia, bacteraemia, endocarditis, meningitis) are reported involving multi-resistant Acinetobacter isolates: treatments should be based upon bactericidal antibiotic combinations, carefully selected in laboratory testings. Epidemiology of infections has been established and extra-hospital acquired infections can occur in immunodepressed patients (pneumonia in tropical countries) or in violent situations: wars or earthquakes. In hospitals control measures should prevent extension of Acinetobacter baumannii, the most frequent and resistant species. Current research includes studies on pathogenesis of Acinetobacter infections, on genetics of resistance and virulence.