Dans un contexte de sous-déclaration des cancers d’origine professionnelle régulièrement soulignée, une étude a été menée en Île-de-France sur les cancers de vessie et les cancers naso-sinusiens incidents afin d’évaluer la fréquence des expositions à des cancérogènes professionnels, de repérer les secteurs d’activité et les professions concernées, de favoriser les démarches de reconnaissance en maladie professionnelle (MP) le cas échéant et de mettre au point des outils de repérage des expositions utilisables en routine.

Étaient éligibles les cas incidents de cancer naso-sinusien résidant en Île-de-France et de cancer de vessie de trois départements d’Île-de-France pris en charge à 100 % en affection longue durée (ALD30) entre 2005 et 2007 dans le régime général de la Sécurité sociale, le régime social des indépendants ou la caisse de coordination aux assurances sociales de la régie autonome des transports parisiens (RATP). Les sujets volontaires ont bénéficié d’un questionnaire professionnel détaillé. L’exposition aux différents agents cancérogènes pour la vessie (amines aromatiques, hydrocarbures aromatiques polycycliques) ou pour les sinus du nez ou de la face (poussières de bois, certains dérivés du chrome ou du nickel) a été évaluée par deux experts en pathologie professionnelle avec retour d’information vers le médecin traitant et proposition le cas échéant d’une déclaration en MP. Les cas ayant fait l’objet d’une déclaration et/ou d’une reconnaissance en MP ont été évalués.

Parmi les 1162 cancers de vessie éligibles qui ont été repérés 58 % ont accepté de participer. Une proposition de déclaration en MP a été proposée à 7 % des sujets. Seuls 22 % d’entre eux l’ont effectuée. Sur les 151 cancers naso-sinusiens éligibles pour l’étude, 48 % ont participé. Une déclaration en MP a été proposée à 35 % des sujets et seulement 53 % d’entre eux l’ont effectuée. Toutes les demandes de reconnaissance en MP quel que soit le type de cancer considéré ont été acceptées.

Un nombre notable de patients relevait d’une déclaration en MP, mais peu d’entre eux ont effectué cette déclaration. Compte tenu des enjeux médico-sociaux de la déclaration en MP, pour le patient comme pour la collectivité, il est important de renforcer l’information des professionnels de santé et des patients. Un dispositif de repérage systématique des expositions professionnelles mérite d’être proposé à tous les cas incidents de cancer de vessie ou naso-sinusien.

It has already been emphasized that occupational cancers are underreported in France. A study was conducted in the Île-de-France region on bladder cancer cases and sinonasal cancers aiming to evaluate the frequency of exposure to occupational carcinogens, to identify related sectors of activity and to facilitate compensation as occupational diseases (OD) and finalize a routine tool for the identification of relevant occupational exposures.

All incident cases of sinonasal cancer living in Île-de-France and bladder cancer in workers living in three districts of Île-de-France fully covered by social insurance as long-term diseases between 2005 and 2007 were eligible. Volunteer subjects answered a detailed occupational questionnaire. Evaluation of exposure to aromatic amines and polycyclic aromatic hydrocarbons was performed by two experts in occupational diseases, with information returned to the usual doctor, and suggestion of claim for compensation as OD when appropriate. The number of claims for OD and/or compensation as OD was studied.

Among 1162 eligible cases of bladder cancer, 58% volunteered to participate. Claim for compensation as OD was proposed to 7% of the subjects, but only 22% of them did. Among 151 eligible cases of sinonasal cancer, 48% participated. Claim for compensation as OD was proposed to 35% of the subjects and only 53% of them did. All claims for compensation as OD were accepted.

A substantial fraction of patients with bladder cancer or sinonasal cancer could claim for compensation as OD in this series, but few of them did. As individual and collective medico-social issues of compensation for OD are important, information of physicians and patients should be reinforced. Moreover, systematic identification of occupational exposure should be proposed to incident cases of bladder or sinonasal cancer cases.