Au singulier, l'obésité est un symptôme reflétant l'excès de réserves énergétiques sous forme de masse grasse, seul trait vraiment commun à tous les obèses.

Nous avons proposé, il y a déjà longtemps de mettre le pluriel à ce mot afin de rendre compte de l'extraordinaire diversité qui caractérise les sujets obèses et que l'évolution des concepts depuis une trentaine d'années a mise en évidence.

La prise de poids et l'obésité, si elles se constituent bien à l'occasion d'un bilan énergétique positif, relèvent en fait de la conjonction de facteurs étiopathogéniques divers, associés en proportions variables selon les sujets et les stades évolutifs. Activité physique décroissante et comportements sédentaires en forte augmentation, ingéré calorique inadapté quantitativement et qualitativement aux dépenses énergétiques et aux capacités d'oxydation lipidique, et renforcé par des besoins psychologiques, prennent d'autant plus en défaut les mécanismes de contrôle de la prise alimentaire que ceux-ci sont plus efficaces pour lutter contre la famine que contre la pléthore. Les facteurs dits d'environnement, responsables de la pandémie d'obésités et partagés par le plus grand nombre, conduisent à l'obésité les sujets « prédisposés » par leur configuration génétique propre, elle aussi d'une grande diversité.

Au plan clinique, une grande hétérogénéité d'un patient à l'autre se fait jour, nécessitant une analyse phénotypique approfondie, préalable à l'élaboration d'une stratégie thérapeutique individualisée.

Le fait que l'obésité soit une affection chronique sans tendance spontanée à la régression est maintenant bien perçu, nécessitant un traitement à long terme.

Les objectifs du traitement ne se réduisent pas à la perte de poids et celle-ci doit être réaliste, c'est-à-dire modérée. Les stratégies thérapeutiques doivent être conçues à long terme, orientées sur plusieurs cibles et adaptées à chaque patient. Différents outils sont disponibles et l'art du thérapeute consiste à les utiliser à bon escient sous peine d'être contre productif.

Symptôme de l'adaptation d'un organisme non préparé aux changements d'environnement moderne, l'obésité apparaît comme une maladie de par sa prévalence, celle de ses complications et son coût économique et social. Elle justifie que se développe une médecine de l'obésité.

In the singular, obesity is a symptom reflecting an excess of energy stores as fat mass, the only trait obese people are sharing. Long time ago we proposed to use the plural to account for the large diversity characterizing obese subjects that conceptual evolutions have put to the fore during the past three decades.

Weight gain and obesity are resulting from a positive energy balance produced by the conjunction of a number of etiopathogenetic factors associated in various proportions according to patients and evolutive status. Decreasing physical activity, increasing sedentarity, quantitative and qualitative energy consumption unadapted to energy expenditure and to lipid oxidation capabilities, reinforced by psychological needs, are catching out the control of food intake, particularly since it is more efficient to defend against famine than to protect against plethora. These environmental factors, responsible for obesity pandemia, lead to obesity subjects predisposed by their genetic background, in itself extremely variable.

The clinical heterogeneity of obesity is patent and a careful phenotypic analysis is a prerequisite to design the management strategy.

Obesity is a chronic situation that needs a long-term treatment. The goals of treatment cannot be longer reduced to weight loss only, which in addition should be realistic, i.e. moderate. Management strategies must be conceived on a long-term basis, focused on prevention of weight regain, multifacetted and individually tailored. A number of tools are available and the state of the art is to use them appropriately to avoid being counter productive.

Obesity may be viewed as an adaptive symptom in subjects poorly prepared to cope with recent environmental changes, but it is also a disease due to its prevalence, the number of weight dependant comorbidities and its socio economic costs.

A specific medical approach of obesity has still to be developed.