Dermatomyosite et polymyosite : aspects cliniques et traitement - 16/02/08
Éric HACHULLA [1]
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La dermatomyosite et la polymyosite sont les deux principales myopathies inflammatoires idiopathiques. Les critères de Bohan et Peter sont toujours d'actualité bien que la physiopathologie de ces deux myopathies soit probablement différente. Les manifestations cutanées de la dermatomyosite associent rash héliotrope et papule de Gottron. Le rash héliotrope, avec ou sans oedème, est caractéristique dans sa localisation péri-orbitaire. Les papules sont localisées en regard des petites articulations des mains au niveau des coudes, des genoux ou des pieds. Un érythème péri-unguéal avec télangiectasies est assez caractéristique sans être pathognomonique. Des localisations au cuir chevelu sont habituelles. Les manifestations cutanées de la dermatomyosite précèdent souvent l'atteinte musculaire et peuvent persister alors que la myopathie est en rémission. Certains patients ont une authentique dermatomyosite amyopathique avec normalité des enzymes musculaires, de l'IRM musculaire, de la biopsie musculaire. La maladie musculaire concerne la musculature proximale, est en général symétrique, à l'origine d'une fatigue, d'une fatigabilité musculaire et parfois de myalgies. La présence d'une dysphagie proximale est le reflet de l'atteinte de la musculature striée du pharynx ou de l'oesophage supérieur. La camptocormie reflète une atteinte sévère des muscles paravertébraux. D'autres manifestations systémiques sont possibles : atteinte pulmonaire (essentiellement la pneumopathie interstitielle et le syndrome restrictif par hypoventilation), arthralgies ou arthrite, manifestations cardiaques, vascularite ou calcinose particulièrement chez l'enfant et l'adolescent atteint de dermatomyosite. Les myopathies inflammatoires idiopathiques peuvent s'associer à des pathologies néoplasiques avec une fréquence d'environ 10 à 15 % pour la dermatomyosite et 5 à 10 % pour la polymyosite avec une corrélation étroite avec l'âge : plus de 50 % des patients âgés de 65 ans ont un cancer associé. En l'absence d'atteinte cancéreuse, le traitement de la dermatomyosite et de la polymyosite repose essentiellement sur la corticothérapie par voie générale (le plus souvent à la dose de 1 mg/kg initialement). En l'absence de réponse ou en cas de forte cortico-dépendance, les immunoglobulines intraveineuses ou les agents immunosuppresseurs comme le méthotrexate ou l'azathioprine doivent être discutés. La pneumopathie interstitielle peut répondre au traitement par cyclophosphamide. La ciclosporine apparaît plus efficace chez l'enfant que chez l'adulte. L'efficacité du tacrolimus, du mycophénolate mofétil, du léflunomide et des anti-TNF doit être évaluée et validée par des études prospectives.
Dermatomyositis and polymyositis: clinical aspects and treatment |
Dermatomyositis and polymyositis are the two major idiopathic inflammatory myopathies. The Bohan and Peter's criteria are still useful despite the probably different pathogenesis of the two myopathies. Cutaneous manifestations of dermatomyositis include heliotrope rash and Gottron's papules. The heliotrope rash, with or without edema, in a distribution involving periorbital skin is very suggestive of the diagnosis. Papules may be found overlying the “kneedle” of the hand or the elbows, knees, feet. Periungueal erythema with telangiectasis were characteristic but not pathognomonic. Scalp involvement is common. Skin lesions of dermatomyositis may precede the development of the myopathy and may persist after the control of the myositis. Some patients have an amyopathic dermatomyositis with normal muscle-enzyme, magnetic resonance scan and muscle biopsy. Muscle disease affects the proximal muscles, is generally symmetrical and symptoms are fatigue, weakness and sometimes myalgia. Proximal dysphagia reflects an involvement of striated muscle of the pharynx or proximal esophagus. Camptocormia reflects a severe involvement of paravertebral muscle. Other systemic features may be seen: pulmonary involvement (mostly interstitial pneumonitis and hypoventilation), arthralgias or arthritis, cardiac involvement, vasculatis and calcinosis particularly in children or adolescents with dermatomyositis. Malignant disease is associated with idiopathic inflammatory myopathies with a frequency of approximatively 10 to 15% in dermatomyositis and 5 to 10% in polymyositis and is strongly correlated with age, more than 50% of the patient over 65 years old were found to have a cancer. In the absence of malignant disease, the mainstay therapy for dermatomyositis and polymyositis is systemic corticosteroids (mostly 1mg/kg). In the lake of response or high dose dependance, intravenous immunoglobulins or immunosuppressive drugs like methotrexate or azathioprine may be discuss. Cyclophosphamide show some effectiveness in interstitial pneumonitis. Cyclosporin might be effective in children, less in adults. The efficacy of tacrolimus, mycophenolate mofetil, leflunomide and anti-TNF therapy need some prospective studies to determine if there are of value in idiopathic inflammatory myositis.
Mots clés : Polymyosite , Dermatomyosite , Manifestations cliniques , Traitement
Keywords:
Polymyositis
,
Dermatomyositis
,
Clinical aspects
,
Treatment
Plan
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Vol 152 - N° 7
P. 455-464 - novembre 2001 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.