Ce texte est celui d’une conférence qui a tenté de montrer l’importance de l’enfance dans la construction de l’être et le rôle délétère que peuvent y jouer des événements de vie ou des situations traumatisantes. Il était bien connu en psychopathologie que des traumatismes infantiles peuvent générer durant la vie adulte différentes pathologies psychiques. Il s’agit ici de présenter les arguments permettant de lier le risque de développer une démence dans le grand âge et la survenue de traumatismes de l’enfance. La maladie d’Alzheimer (MA), démence neurodégénénérative, est remise en cause quant à sa délimitation et du fait de ses mécanismes étiopathogéniques très divers. On parle désormais de vieillissement non réussi et la piste psychopathologique en relation avec le stress reprend de la pertinence. Les traumatismes survenant dans la période infantile auraient un effet délétère sur la mise en place de l’axe corticotrope qui serait par la suite dérégulé et ne permettant pas de faire face aux stress ultérieurs qui vont provoquer à chaque fois des excès de cortisol agressif sur certains neurones, en particulier hippocampiques. Cette réactivité biologique exagérée est combinée avec une fragilité des mécanismes adaptatifs de la personnalité, qui s’est aussi construite en partie durant l’enfance. Cela ne remet pas en question une vulnérabilité génétique sous-jacente, mais cela souligne l’importance à donner dans l’étiopathogénie de la MA et des syndromes apparentés aux facteurs psychopathologiques de risque, tels que la personnalité, la biographie et les habitudes de vie qui en découlent. Des données concernant les dimensions de la personnalité qui rendent vulnérables sont exposées et des recommandations de stratégie de dépistage sont proposées.

This is the text of a conference that has attempted to show the importance of childhood in the construction of the being and the deleterious role that life’s events or traumatic situations can play during this period. It was well known in psychopathology that childhood trauma can generate during adult life different psychiatric disorders. It is here to present arguments for linking the risk of developing dementia in old age and the occurrence of childhood trauma. Alzheimer’s disease, a neurodegenerative dementia is questioned as to its definition and because of its diverse etiopathogenic mechanisms. We now speak of unsuccessful aging and the psychopathologic track in relation to stress takes again an important relevance. Psychotraumatisms occurring in the infantile period would have a deleterious effect on the establishment of the HPA axis that would eventually deregulated and not allowing to cope with subsequent stress that will cause every time excess cortisol which is aggressive on neurons, particularly hippocampal ones. This exaggerated biological reactivity is combined with a fragility of the adaptive mechanisms of personality, which was also built in part during childhood. This does not question a genetic underlying vulnerability, but it underscores the importance to give in the pathogenesis of Alzheimer’s disease and related syndromes to psychopathological risk factors such as personality, biography and habits of life that result. Data on the dimensions of personality that make vulnerable to develop dementia are exposed and recommendations for screening strategy are proposed.