Un cas de radiodermite chronique chez un radiologue pratiquant l'imagerie interventionnelle depuis 20 ans a amené les auteurs à faire le point sur cette pathologie, en termes de diagnostic et de dépistage. Cette pathologie, qui semblait avoir disparu avec l'arrêt des radioscopies, pourrait réapparaître dans les conditions actuelles de réalisation de la radiologie interventionnelle, qui engendre une surexposition des mains aux rayonnements ionisants. En médecine du travail, il serait donc utile de disposer d'un examen permettant d'établir le diagnostic de certitude de radiodermite chronique , mais également de favoriser le dépistage des lésions infracliniques.

Le réseau capillaire cutané de la région sous-unguéale représente un indicateur de grande sensibilité aux altérations provoquées par les rayonnements ionisants. C'est pourquoi la capillaroscopie multiparamétrique (oedème, distribution, néovascularisation) a été choisie pour réaliser les deux objectifs de diagnostic et de dépistage. Cet examen, rapide et non invasif, ne requiert qu'un stéréomicroscope équipé d'un éclairage puissant et permet d'analyser le retentissement tardif des doses cumulées au niveau des mains.

Dans le cas clinique exposé, la capillaroscopie révèle des anomalies microvasculaires caractéristiques d'une pathologie radique chronique.

La dose cumulée a été estimée à 10 Gy sur les vingt ans d'exercice professionnel, ce qui correspond à 500 mSv par an (valeur annuelle réglementaire), et à la dose cumulée habituellement décrite dans cette pathologie. La nouvelle réglementation Euratom 96 n'abaisse pas cette valeur réglementaire et n'impose pas non plus de surveillance dosimétrique obligatoire des extrémités.

La capillaroscopie, examen rapide et non invasif, semble être un très bon outil de diagnostic et de dépistage à utiliser en médecine du travail pour les pathologies cutanées d'origine radique.

A case of radiodermatitis concerning a radiologist who has been practising interventional radiology for 20 years, has led the authors to take stock of that pathology, as far as diagnosis and detection are concerned. This pathology, which seemed to have disappeared with the end of radioscopies, might reappear in the current conditions in which interventional radiology is performed, causing an overexposure of the hands to ionising radiation. As for occupational health care surveillance, it would be useful to have a test which enables to set up an unquestionable diagnosis of chronic radiodermatitis , but which would also allow to detect vascular injuries at subclinical stage.

The cutaneous capillary network of the nailfold region represents a very sensitive marker of alterations caused by ionising radiation. That is why capillary microscopy (oedema, distribution, neocapillary) has been chosen to achieve both purposes: diagnosis and detection. This quick and non invasive test only requires a stereomicroscopy fitted with a powerful light and enables to analyse the late effects of cumulative doses in the hands.

In the reported case, capillary microscopy shows microvascular abnormalities which are obvious features of chronic radiation damages.

The cumulative dose has been assessed at 10 Gy during 20 years of professional practice, which corresponds to 500 mSv per year (annual statutory value) and to the cumulative dose usually described in this pathology. The new radioprotection requirements in application of Euratom 96 doesn't lower this value and doesn't lay down either compulsory dosimetric supervision of the hands.

Capillary microscopy, which is a quick and safe method, seems to be a very interesting test for diagnosis and early detection to be used in occupational healthcare surveillance for chronic radiodermatitis.