Lors des visites médicales, le médecin du travail est souvent le témoin des cas de troubles musculo-squelettiques (TMS) au sein d'une entreprise. Mais ce problème n'est pas facilement reconnu comme un problème lié au travail. Pour avancer en terme de prévention, il est important pour le médecin de rendre visible cet état de fait et d'argumenter dans le sens d'un lien avec l'activité professionnelle.

C'est ainsi que, dans une usine fabriquant des appareillages électriques, en partenariat avec un groupe de travail sur les TMS, une étude transversale par auto-questionnaire (questionnaire INRS) a été menée par le service médical. Le but de l'étude était d'estimer la prévalence des TMS et d'obtenir des données sur le vécu au travail . Un échantillon de 100 salariés a été construit par tirage au sort. Des informations démographiques, sur les postes de travail, sur les troubles musculo-squelettiques ( Nordic questionnaire ), des variables extra-professionnelles, sur les antécédents médicaux, le vécu au travail et des symptômes de stress ont été recherchés. Une régression logistique et une analyse en composantes principales ont été utilisées pour étudier certains facteurs de risque.

Au total 83 salariés (21 % de la population cible) ont participé à l'ensemble de l'étude. La prévalence des symptômes de TMS sur 12 mois était de 48,7 % au niveau des épaules et 52,6 % au niveau des poignets-mains. Les résultats signalent, après ajustement, que si certains symptômes de TMS (épaule, plaintes du dos) sont liés avec des symptômes de stress et de troubles psychologiques (anxiété, dépression), ce n'est pas le cas pour les plaintes au niveau des poignets-mains. Par contre, une association statistique entre la force et la localisation poignets-mains était constatée, indépendamment de plaintes psycho-somatiques, de l'âge et de l'ancienneté de service.

L'étude a donc confirmé l'importance du problème TMS au sein de l'entreprise. Celle-ci a entrepris de communiquer sur le sujet et de réaliser des modifications ergonomiques sur certains postes de travail. Après deux années, les premiers résultats tangibles ont été une baisse de 50 % du nombre de jours d'arrêt maladie, mais le nombre de maladies professionnelles n'a pas significativement diminué.

During the medical consultation, the occupational physician often notices workers' problems in the firm. He can note work-related musculoskeletal disorders in manufactoring. But musculoskeletal disorders are not often recognised as linked to the work in the firm. To speed up things, it's very important for the occupational physician to convince that there a link between the workers' job and musculoskeletal disorders.

Therefore, with a prevention group in electric products manufacturing, a cross-sectorial study was conducted with a self-administered questionnaire (I.N.R.S questionnaire) by the medical service. The aim of the study was to estimate the prevalence of musculoskeletal symptoms and to obtain data on “work perception”. One sample of 100 workers was determined by drawing lots. Data on demographic, characteristics of the job, musculoskeletal symptoms (Nordic questionnaire), non occupational co-variates, medical history, work perception and psychosomatic complaints of stress were obtained. Logistic regression and multivariate descriptive analysis was used to assess some risk factors.

A total of 83 workers (21% of the target population) took part in the overall study. The prevalence of symptoms on 12 months was 48.7% for the shoulders and 52.6% for the wrists-hands. The results, after adjustment, show that if some musculo-skeletal symptoms (shoulders, back complaints) were correlated with the psychosomatic complaints of stress and psychological disturbances (anxiety, depression), this wasn't noted for the wrists-hands. On the other hand, an association between forceful movement and wrists-hands was found independently of psychosomatic complaints, age and length of service.

These results confirmed the importance of the problem of musculoskeletal disorders. The firm started to communicate on the problem towards the workers and some ergonomic actions were carried out. After two years, the number of days of sick leave decreased by 50% but the number of occupational diseases didn't decrease.