Au cours des incendies, la seule menace reconnue pour l'homme a longtemps été la brûlure. Depuis les années 1970, les données concernant l'étude de la dégradation thermique des matériaux, la toxicité expérimentale des effluents gazeux, et enfin des travaux cliniques et médicolégaux ont démontré que les feux naissant dans les locaux d'habitation exposent non seulement au risque thermique mais aussi au risque chimique. Les incendies d'habitation sont une cause importante de mort domestique d'origine toxique. Les fumées d'incendie possèdent une toxicité bipolaire, systémique et pulmonaire. Les données expérimentales et cliniques montrent que des gaz toxiques autres que le monoxyde de carbone méritent d'être pris en compte. Il s'agit notamment de l'acide cyanhydrique dégagé par la thermolyse, non seulement des produits naturels, mais surtout des produits de synthèse dans des conditions de température et d'oxygénation du foyer d'incendie fréquemment réunies. La prise en charge des victimes est complexe car de nombreux sujets seulement exposés se mêlent à de réels intoxiqués. Il faut pouvoir trier les victimes selon leur atteinte, qui peut être non seulement thermique et chimique mais aussi traumatique (blast ou défenestration lors de la fuite). En plus des traitements symptomatiques des défaillances vitales, les traitements à visée toxicologique reposent sur l'oxygénothérapie normobare et éventuellement hyperbare en cas d'intoxication oxycarbonée sévère. L'hydroxocobalamine, par son innocuité maintenant prouvée de façon certaine, représente l'antidote de l'intoxication cyanhydrique. L'inhalation de fumée est à l'origine non seulement d'une maladie aiguë pouvant engager le pronostic vital mais également de maladies chroniques, neurologiques ou respiratoires, capables d'engager le pronostic fonctionnel à long terme.