Cette étude se propose d’analyser les résultats à long terme et les complications potentielles de l’implant inversé de Grammont en traumatologie récente chez la personne âgée.

Deux hommes et 33 femmes, d’âge moyen 75ans (58 à 92), opérés pour 24 fractures et 11 fracture-luxations, sur 11 côtés droits et 24 gauches, ont été évalués rétrospectivement aux niveaux clinique et radiographique avec un recul de un à 17ans.

Huit complications sont survenues chez huit patients (23 %) : deux algo-neuro-dystrophies, quatre luxations, une infection profonde et un descellement aseptique de la méta-glène. Six patients (17 %) ont eu besoin de quatre ré-interventions conservant la prothèse et de deux changements prothétiques. Le score moyen de Constant chutait de 55 à 53 points entre le contrôle à un an et le dernier recul en raison d’une augmentation des douleurs et d’une perte de force. Ce score représentait 69 % de celui de l’épaule opposée. Le score pondéré était de 68 %. Seulement 58 % des patients étaient satisfaits ou très satisfaits en raison de très faibles rotations empêchant une alimentation avec couverts, un habillage et une hygiène corporelle corrects quand le côté dominant était atteint. Deux liserés complets glénoïdiens à quatre et huit ans, 14 éperons polaires inférieurs survenant en moyenne à 2,5ans, stables et sans impact fonctionnel, 20 encoches du pilier, toutes apparues avant deux ans de recul, dont dix avec des résorptions osseuses et des liserés os-ciment huméraux proximaux médiaux étaient observés. La taille des encoches augmentait avec le recul. Quarante-neuf pour cent des images trouvées étaient jugées préoccupantes et apparaissaient avant sept ans dans 60 % des cas. Le croissement des données cliniques et radiographiques montrait une dégradation du score de Constant pour la douleur, l’activité, la force et l’élévation active en cas d’encoche associée à des images humérales inquiétantes.

Malgré un seul cas de descellement aseptique de la méta-glène à 12 ans de recul, les résultats nous semblent décevants cliniquement et inquiétants sur le plan radiologique avec un taux important de complications et de ré-interventions. Le résultat fonctionnel obtenu à long terme est loin d’être identique à l’état clinique pré-traumatique avec en cas d’atteinte du côté dominant une possible évolution vers la perte d’autonomie. De nouveaux développements concernant le dessin prothétique et la technique opératoire sont nécessaires afin d’améliorer l’adduction et surtout les rotations tout en prévenant la survenue de l’encoche du pilier. Ces résultats ne nous permettent pas de valider le concept d’arthroplastie inversée de l’épaule de première intention en traumatologie récente de l’humérus proximal.

IV. Étude rétrospective.