Préface à l’édition originale - 27/09/11
Depuis l’avènement de la médecine fondée sur les preuves, la rédaction, par des experts, d’analyses systématiques sur divers traitements contre la douleur musculosquelettique est devenue à la mode. La cervicalgie ne fait pas exception. Ces analyses servent un but éducatif louable. Elles rassemblent en une source toutes les études principales concernant des interventions précises. Les analyses systématiques ont toutefois un prix. Elles sont typiquement alourdies par des détails méthodologiques et par un style de présentation devenu classique pour ce type de publications. Malgré l’évaluation des données disponibles par des analyses systématiques, celles-ci parviennent trop peu souvent à présenter aux praticiens des recommandations sur l’utilisation de ces données.
Nous avons adopté une approche plus utilitaire dans ce texte. Les protocoles méthodologiques ont été omis. Les aspects techniques des études de cotation et de classement ont été évités pour des raisons de rigueur et de qualité méthodologiques. Nous nous sommes fiés néanmoins aux preuves disponibles, mais en nous concentrant sur ce qu’elles signifient pour les praticiens et sur ce que les praticiens peuvent et devraient faire à la lumière de celles-ci.
Nous n’avons pas été de parti pris en composant ce texte, et nous ne représentons aucun groupe professionnel particulier ou traditionnel, ni aucune spécialité. Nous ne devons allégeance à aucune manière de pratiquer établie. Notre seule allégeance est envers les preuves. À cet égard, la définition de la médecine fondée sur les preuves que nous avons adoptée peut se résumer par l’acronyme FVE :
• | F Fiabilité |
• | V Validité |
• | E Efficacité |
Nous considérons la médecine fondée sur les preuves comme une pratique aspirant à utiliser des procédures fiables et valides ainsi que des traitements connus pour leur efficacité. Plus important peut-être, la médecine fondée sur les preuves évite les pratiques manquant de fiabilité, de validité ou d’efficacité.
C’est en évitant les pratiques peu fiables, non valides et inefficaces que nous prenons nos distances avec de nombreux groupes et spécialités établis. En effet, quelques lecteurs pourraient trouver notre description des preuves aliénante, car la recherche sur la cervicalgie a plus souvent réussi à montrer ce qui ne fonctionne pas que ce qui fonctionne. Il apparaît que beaucoup de choses enseignées et apprises dans le passé sont fausses.
Nous nous remettons aux conclusions des analyses systématiques pour les sujets moins controversés. Pour les questions au sujet desquelles les pratiques ou les croyances sont bien ancrées, mais que les preuves réfutent, nous nous référons uniquement aux analyses systématiques, tout en examinant de près les sources de la littérature, afin de démontrer aux lecteurs à quel point les preuves sont faibles.
Dans le corps du texte, nous évitons d’approfondir les questions de controverse statistique. Toutefois, nous citons les statistiques lorsqu’elles sont disponibles, pour renforcer quantitativement nos conclusions. Pour les personnes peu familières avec le jargon statistique, nous présentons dans la sixième partie des explications sur les termes utilisés.
Notre objectif est de présenter aux praticiens ce qu’ils devraient comprendre de la cervicalgie et la façon dont ils devraient la prendre en charge. À cette fin, le texte a été divisé en cinq parties.
La première partie traite des principes généraux, ce qui pourrait être dépeint comme la « théorie de la cervicalgie ». Cette partie couvre la définition de la cervicalgie, afin d’éviter toute confusion à propos de l’entité en question. Elle présente le contexte des causes de la cervicalgie et ses facteurs de risque, car ceux-ci sont importants pour comprendre pourquoi et comment survient la cervicalgie ; ils apportent des bases thérapeutiques.
La deuxième partie traite de la cervicalgie aiguë. Elle contient les chapitres reflétant, dans un ordre logique et chronologique, ce qu’un praticien pourrait penser et faire lorsqu’il est confronté à un patient cervicalgique aigu.
Le chapitre sur l’histoire naturelle présente l’évolution symptomatologique du patient que devrait prévoir le praticien, et qui devrait le préparer aux explications à donner au patient. Les données sur l’histoire naturelle étant prouvées, l’explication de celle-ci devient une pratique fondée sur les preuves, comme toute autre intervention.
Lors d’une consultation, le praticien fera probablement une anamnèse et un examen physique. Les chapitres respectifs sur ces sujets présentent un synopsis des preuves actuelles sur l’anamnèse et sur l’examen physique se rapportant à la cervicalgie. Ils expliquent ce qui devrait être fait et ce qui est superflu.
Le praticien pourrait être tenté d’ordonner des examens complémentaires. Les chapitres sur l’imagerie et sur les examens électrophysiologiques expliquent pourquoi ceux-ci ne sont pas nécessaires et pourquoi ils devraient être évités.
Les chapitres finaux de cette partie tracent un algorithme pour la prise en charge de la cervicalgie aiguë et présentent les preuves justifiant ce qui a été inclus et exclu.
La troisième partie approche la douleur cervicale persistante ou chronique. Les chapitres décrivent ce qui est connu de ses causes et la façon dont celles-ci fondent son exploration et son traitement.
Un algorithme sur la prise en charge est développé et défendu par des références aux preuves disponibles.
La quatrième partie présente un synopsis des mécanismes du whiplash. Dans les premiers chapitres, le whiplash est mentionné comme une des causes principales de cervicalgie, mais dans le contexte de l’évaluation et de la prise en charge, une analyse détaillée des mécanismes du whiplash n’est pas immédiatement indispensable. La quatrième partie n’a pas été rajoutée après coup. Les mécanismes du whiplash ont délibérément été placés à la fin du texte afin de ne pas interférer avec la dynamique des premières sections consacrées aux sujets pratiques et cliniques.
La cinquième partie traite de l’entité particulière qu’est la céphalée cervicogène. Cette entité a été controversée pour diverses raisons, mais ne représente essentiellement rien d’autre qu’une cervicalgie projetée sur le crâne. Elle est autant une extension de la cervicalgie qu’un élément de diagnostic différentiel de céphalée.
Quelques chapitres de ces sections sont délibérément détaillés. Certains lecteurs pourraient ne pas y porter attention ou se sentir submergés ou écrasés par autant de détails. Afin toutefois de retenir ces lecteurs, certains chapitres ont été rédigés sous forme abrégée. Les chapitres abrégés présentent le message essentiel du sujet à venir en se concentrant sur l’application clinique. Les lecteurs désirant éviter une lecture approfondie peuvent directement consulter ces chapitres. S’ils restent insatisfaits après cette lecture, ils peuvent consulter les chapitres suivants dans lesquels les preuves sont analysées et présentées en détail.
Par conséquent, la progression sous forme abrégée de cet ouvrage serait :
• | Chapitre 1 : comprendre la définition de la cervicalgie |
• | Chapitre 2 : comprendre ce que ne sont pas les causes de la cervicalgie |
• | Chapitre 4 : prendre conscience de l’évolution naturelle positive |
• | Chapitre 5 : découvrir comment écarter les causes graves |
• | Chapitre 7 : comprendre pourquoi l’imagerie n’est pas justifiée |
• | Chapitre 9 : apprendre la prise en charge de la cervicalgie aiguë |
• | Chapitre 14 : apprendre l’évaluation des patients cervicalgiques chroniques |
• | Chapitre 15 : preuves thérapeutiques de la cervicalgie chronique |
• | Chapitre 16 : résumé des mécanismes du whiplash et de ses symptômes |
• | Chapitre 20 : résumé de la céphalée cervicogène |
La sixième partie présente les explications des termes statistiques utilisés dans les chapitres cliniques de ce texte.
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