Avant-propos à l’édition française - 27/09/11
Pour le clinicien, la prise en charge d’une douleur cervicale reste difficile. Il y a plusieurs raisons à cela. La première est que la cervicalgie dite commune est une affection plus complexe qu’on pourrait le penser au premier abord et que ne le suggèrent les traités classiques. Ses causes sont nombreuses et encore bien mal individualisées, sa présentation clinique est multiforme et son évolution parfois très chronique. La deuxième est que les travaux qui lui ont été consacrés dans la littérature médicale sont trop peu nombreux. Moins fréquente et à l’origine de moins d’arrêts de travail et d’invalidité que la lombalgie, elle reste encore le parent pauvre de la pathologie du rachis. La troisième raison est que, souvent, les résultats de ces travaux viennent en contradiction avec nos habitudes, voire avec ce que nous montre la pratique quotidienne. À l’heure de la médecine fondée sur des preuves, il y a là de quoi dérouter le clinicien.
C’est tout le mérite de N. Bogduk et de B. McGuirk d’avoir analysé les travaux les plus significatifs, d’en avoir fait la synthèse (ou, au contraire, d’en avoir souligné les contradictions lorsqu’il y en avait) et d’en avoir mis les conclusions à la disposition de leurs lecteurs. Mais surtout, ils ont su présenter ces conclusions selon un ordre clair et logique, en séparant bien les cervicalgies aiguës, les cervicalgies chroniques, les cervicalgies par « coup du lapin » et les céphalées cervicogènes, qui constituent autant de chapitres cardinaux de l’ouvrage. Ouvrage qui peut donc, si on le souhaite, être consulté facilement sur tel ou tel point particulier, qu’il s’agisse de la clinique, des examens complémentaires ou de la thérapeutique, d’autant que les points clés sont listés en tête de chaque chapitre, que la bibliographie est individualisée pour chaque paragraphe (et non donnée en bloc en fin de livre) et que la présentation générale est remarquablement claire.
Tel qu’il est, cet ouvrage constitue une source d’information irremplaçable pour le clinicien. Mais c’est aussi une source de réflexion lorsque, occasionnellement, il y a conflit entre les données de la médecine dite « fondée sur des preuves » et l’expérience clinique. Le clinicien ne pourra manquer d’être surpris de lire qu’aucune étude ne justifie l’utilisation d’antiinflammatoires dans les cervicalgies (et que, par conséquent, les auteurs lui conseillent de ne pas en prescrire) ou qu’il n’y a aucune raison qu’un disque cervical soit source de douleur en dehors d’un contexte post-traumatique, pour ne donner que deux exemples. Nous laisserons chacun en tirer ses propres conclusions.
On comprendra donc que c’est pour nous non seulement un honneur, mais aussi un plaisir de préfacer l’édition française d’un ouvrage aussi stimulant, qui devrait trouver une place de choix dans toutes les bibliothèques. Nous lui souhaitons un succès bien mérité.
© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
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