Les dynamomètres isocinétiques mettent les sujets dans des conditions de performances très éloignées des gestes naturels. La familiarisation à la machine est donc susceptible de s'accompagner d'une amélioration des résultats sans modification des capacités de l'individu.

Nous avons cherché à évaluer la part respective de la familiarisation et de l'entraînement sur l'amélioration des tests isocinétiques du tronc lors d'un programme de reconditionnement fonctionnel du rachis.

Vingt-six patients lombalgiques chroniques ont été consécutivement admis dans le service de médecine physique et réadaptation du CHRU de Lille pour reconditionnement fonctionnel du rachis. Ces patients bénéficient d'une prise en charge en hospitalisation pendant quatre semaines avec en particulier un programme de renforcement musculaire du tronc sur machine isocinétique. Nous avons réalisé une évaluation isocinétique à l'entrée, deux jours plus tard et enfin trois semaines après le premier examen à 30, 90 et 120°/s. Pour chaque vitesse, le moment maximal et le travail total ont été analysés.

Entre j0 et j2 toutes les valeurs se sont significativement améliorées sauf le moment maximal et le travail total en flexion à 30°/s. Entre j2 et j21 toutes les valeurs se sont améliorées. Pour tous les paramètres, la part d'amélioration obtenue entre j0 et j2 par rapport à l'amélioration globale constatée à j21 est comprise entre 33 et 58%, en dehors du moment maximal des fléchisseurs à 30°/s qui avait très peu augmenté à j2.

L'amélioration obtenue à deux jours d'intervalle avec une seule journée de rééducation intensive nous paraît liée à la familiarisation du patient avec le test isocinétique. On peut espérer que l'augmentation du moment et du travail mesurée après trois semaines de rééducation est en partie liée à l'amélioration des capacités du patient.

À la lumière de nos résultats, il semble qu'il faille interpréter avec prudence les résultats des études utilisant le dynamomètre isocinétique pour apprécier l'amélioration de la force musculaire du tronc au fil du temps, si le test initial n'était pas précédé d'au moins une essais de familiarisation.

Isokinetic dynamometers put subjects in very different conditions from natural movement. Familiarization with the isokinetic device may therefore explain better performance without showing any improvement in strength.

To determine the part of habituation and training in improved trunk isokinetic performance on isometric assessment after a back rehabilitation program for chronic low back pain.

A total of 26 patients with chronic low back pain consecutively admitted to the same rehabilitation department for a 4-week rehabilitation program underwent isometric assessment of the trunk flexors and extensors on the day of admission and 2 days and 21 days after admission. The maximal torque and total work were registered at 30°, 90° and 120°/s.

Values for all parameters, except flexor values at 30°/s, were significantly improved between day 0 and day 2 after admission. Between day 2 and day 21 after admission, values for all parameters were improved significantly. Except for flexor values at 30°/s, the parameter values at day 2 showed improvement ranging from 33% to 58% of the improvement seen at day 21.

The improvement in parameter values found on isokinetic assessment two days after a one-day rehabilitation program for low back pain is probably explained by a habituation effect. We can expect that increase in the maximal torque and total work after 3 weeks of rehabilitation is, at least in part, the consequence of the strengthening program.

We should interpret with caution the results of studies involving an isokinetic dynamometer to measure the strength of trunk muscles without a learning training.