Propos. - Les personnes âgées constituent un groupe de sujets à risque vis-à-vis de la plupart des pathologies infectieuses. L'objectif de ce travail a été de préciser les caractéristiques épidémiologiques et cliniques des méningites du sujet âgé afin d'améliorer leur diagnostic et prise en charge.

Méthodes. - Sur une période de dix ans, tous les patients hospitalisés dans le service de maladies infectieuses pour une méningite infectieuse ont été étudiés rétrospectivement. Étaient exclus les patients séropositifs pour le VIH, les méningites fongiques et les sujets de moins de 15 ans. À partir de l'âge, deux groupes étés constitués (groupe A, moins de 65 ans et groupe B, 65 ans et plus) et comparés au plan épidémiologique, clinique et évolutif.

Résultats. - Cent cinquante-deux dossiers répondaient aux critères, 110 (72,4 %) dans le groupe A (29 méningites bactériennes et 81 virales) et 42 (26,7 %) dans le groupe B (32 méningites bactériennes et dix virales), d'âge moyen respectivement 32,7 ± 12,9 ans (extrêmes : 15-61 ans) et 75,9 ± 7,6 ans (extrêmes : 65-94 ans). La répartition des sexes était identique dans les deux groupes. Le diagnostic était souvent évoqué chez le sujet jeune (n = 78 ;71 %) mais plus rarement chez le sujet âgé (n = 11 ;26 %) (p < 0,001). Streptococcus pneumoniae, Listeria monocytogenes et Herpes simplex virus étaient les trois agents pathogènes les plus fréquents dans le groupe B. La présentation clinique du sujet âgé se caractérisait par des troubles de conscience plus fréquents que chez les sujets du groupe A (88 % contre 17 %, p < 0,001) et une mortalité plus importante (11,9 % contre 2,7 %, p = 0,04).

Conclusion. - Le diagnostic de méningite infectieuse est difficile chez le sujet âgé et doit être évoqué devant des signes neurologiques nouveaux tel une confusion. La tomodensitométrie cérébrale ne doit pas retarder la ponction lombaire sauf en cas de signe de localisation et l'antibiothérapie doit prendre en compte l'épidémiologie bactérienne dans cette tranche d'âge.

Purpose. - Elderly patients being more at risk for infections than younger people, this study was aimed at defining the epidemiological and clinical features of meningitis in this population, with the objective of improving diagnosis and management.

Methods. - Over a period of 10 years, all cases admitted to an infectious diseases unit for acute meningitis were reviewed. Patients infected by human immunodeficiency virus (HIV), fungi meningitis, and who were younger than 15 years of age were excluded from the study. According to age, two groups were constituted (group A: < 65 years and group B: ≥ 65 years) and compared.

Results. - One hundred fifty-two patients were included in the study: 110 (72.4%) in group A (29 with bacterial and 81 with viral meningitis) and 42 (26.7%) in group B (32 with bacterial and ten with viral meningitis); the mean age was, respectively, 32.7 ± 12.9 years (range: 15-61 years) and 75.9 ± 7.6 years (range: 65-94 years). Diagnosis was less frequently evoked in the elderly (n = 11; 26%) than in younger patients (n = 78; 71%) (P < 0.001). Streptococcus pneumoniae, Listeria monocytogenes, and herpes simplex virus were the three most common causal agents in group B. Confusion was the most common symptom among the elderly (88 vs. 17%; P < 0.001). The mortality rate was more important in group B than in group A (11.9 vs. 2.7%; P = 0.04).

Conclusion. - Diagnosis of acute meningitis is difficult and must be evoked in the presence of any new neurologic sign. Cranial computerized tomography should not delay lumbar puncture, except in the presence of focal neurologic symptoms. Antimicrobial therapy takes into account the bacterial epidemiology.