Bien que l'on reconnaisse la grande hétérogénéité clinique des syndromes dépressifs bipolaires, il n'existe, dans les classifications actuelles, qu'une définition pour décrire les épisodes dépressifs majeurs. Cependant, une littérature abondante montre que certaines dépressions bipolaires sont aggravées par les antidépresseurs et des données récentes indiquent qu'elles peuvent être améliorées par des antipsychotiques atypiques, le traitement de première intention restant bien évidement les régulateurs de l'humeur. Cela nous a conduit à nous poser deux questions justifiant cette étude : 1) Peut-on distinguer différentes formes de dépression bipolaire en utilisant une nouvelle approche de type dimensionnel ? 2) Si cela est le cas, existe-t-il des différences dans les réponses thérapeutiques en fonction du type ?

Soixante patients bipolaires présentant un épisode dépressif majeur selon les critères du DSM-IV ont été caractérisés à partir d'une échelle MATHYS (Multidimensional Assessment of Thymic States) évaluant des dimensions fondamentales des états thymiques, ainsi qu'avec une échelle classique de dépression (MADRS) et une échelle de manie (MAS).

Une analyse en cluster réalisée à partir des items de l'échelle dimensionnelle a permis de mettre en évidence deux types d'épisode dépressif bipolaire. Un groupe G1 (G1 ; n=38) a un score global bas et est caractérisé par une inhibition dans toutes les dimensions. L'autre groupe G2 (G2 ; n=22) se définit par une subexcitation sur une certaine dimension. Notamment, la réactivité émotionnelle semble représenter une dimension discriminante de ces deux états, contrairement à la tristesse. En ce qui concerne le traitement, des scores bas à l'échelle MATHYS avant la mise sous traitement sont associés à une bonne réponse à un traitement par antidépresseur associé à un thymorégulateur, alors que des scores élevés sont liés à une bonne réponse à un thymorégulateur seul ou en association à de faibles doses d'antipsychotiques atypiques.

Les épisodes dépressifs bipolaires ne sont pas homogènes et cette hétérogénéité peut expliquer les différences de réponses au traitement. Une approche dimensionnelle peut être utile pour aider à discriminer ces différentes formes de dépression bipolaire et aider à mettre en place le traitement le plus adapté.

Although depressive moods are recognised as a very broad condition, there is still only one definition in international classifications for describing a major depressive episode (MDE). However, there is currently some controversy surround the treatment of depressive states. This includes SSRIs and suicide in adolescents, and more specifically in bipolar disorders where some depressions are made worse by antidepressants. New data has suggested that depressive states in BP patients can be improved by atypical antipsychotics.

We aimed to assess 1) whether it is possible to distinguish different forms of bipolar depression using a dimensional approach, and 2) if, yes, whether there are different patterns of treatment response.

We characterised 60 bipolar patients with a Major Depressive Episode (DSM-IV) using a new tool (MATHYS: Multidimensional Assessment of Thymic States) assessing five fundamental dimensions (emotional reactivity, cognitive speed, psycho-motricity, motivation and senses perception) of mood states (full description elsewhere).

A cluster analysis using the items of the dimensional scale revealed two types of depressive states. One group (G1; N=38), which had a low score, is characterised by an inhibition in all dimensions, whereas the other group (G2; N=22) is characterised by an over-activation. Emotional reactivity is a useful dimension for discriminating these two types of depression (G1: hyporeactivity; G2: hyperreactivity) whereas sadness is not. A lower score on the MAThyS scale at day 1 was associated with a good response to antidepressant treatment, whereas higher scores were linked to a good response to a mood stabilizers alone or in combination with an antipsychotic.

Bipolar depressive states are not homogeneous and this heterogeneity can explain various patterns of treatment response. A dimensional approach could be useful for discriminating the different forms of bipolar depression and to help manage treatment.