Microchimérisme fœtal : soi et non soi, finalement qui sommes-nous ? - 06/08/11
Résumé |
Durant la grossesse, des passages bidirectionnels de cellules nucléées sont observés entre la mère et son fœtus. Dans l’immédiat ces cellules fœtales passant chez la mère posent le problème de leur tolérance. Ces cellules fœtales, retrouvées parfois des décennies dans différents tissus après leur transfert, vont se nicher dans des sites privilégiés (home) où elles seront l’abri des mécanismes de rejet. Elles sortiront de leur niche sous l’action de stimuli encore incompris. Longtemps seuls des effets négatifs du microchimérisme fœtal avaient été retenus en particulier dans la pathogénie des maladies auto-immunes et certaines situations d’avortement à répétition. Mais l’attribution à ces cellules fœtales passées chez la mère d’effets bénéfiques comme la participation à la tolérance pendant la grossesse vis-à-vis du fœtus, l’élargissement du répertoire immunologique et antigénique, la transmission de certains caractères non acquis par des mécanismes génétiques classiques ; la réparation tissulaire et leur participation devraient encourager à les comprendre pour les utiliser en thérapeutiques. Les théories de l’évolution devront être réexaminées à la lumière de ces nouvelles connaissances qui élargissent les mécanismes de transmission des caractères puisqu’un individu par le biais des mécanismes de microchimérisme fœtal et maternel pourra posséder des allèles de ses ancêtres, de sa mère, de ses frères et sœurs aînés. Ce brassage cellulaire conduit à s’interroger sur la validité relative de la notion de soi et non soi, chère aux immunologistes.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Summary |
For a long time, the conventional view was that the fetus and maternal vascular system are kept separate. In fact there is a two-way traffic of immune cells through the placenta and the transplacental passage of cells is in fact the norm. The fetal cells can persist in a wide range of woman’s tissue following a pregnancy or an abortion and she becomes a chimera. Fetal cells have been found in the maternal circulation and they were shown to persist for almost three decades in humans, thus demonstrating long-term engraftment and survival capabilities. Microchimerism is a subject of much interest for a number of reasons. Studies of fetal microchimerism during pregnancy may offer explanations for complications of pregnancy, such as preeclampsia, as well as insights into the pathogenesis of autoimmune disease which usually ameliorates during pregnancy. The impact that the persistence of allogenic cells of fetal origin and the maternal immunological response to them has on the mother’s health and whether it is detrimental or beneficial to the mother is still not clear. Although microchimerism has been implicated in some autoimmune diseases, fetal microchimerism is common in healthy individuals. On the beneficial side, it has been proposed that genetically disparate fetal microchimerism provides protection against some cancers, that fetal microchimerism can afford the mother new alleles of protection to some diseases she has not, that fetal microchimerism can enlarge the immunological repertoire of the mother improving her defense against aggressor. Fetal cells are often present at sites of maternal injury and may have an active role in the repair of maternal tissues.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Microchimérisme fœtal, Grossesse, Cancer, Tolérance, Soi et non soi
Keywords : Fetal microchimerism, Cancer, Tolerance, Pregnancy, Self, Non-self
Plan
Vol 40 - N° 5
P. 387-398 - septembre 2011 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.