La démarche est ici de mieux comprendre les rôles assurés par les personnes qu’il est convenu, en Algérie, d’appeler « gardes-malades » au sein d’un centre hospitalo-universitaire tel que celui d’Oran. Notre objectif premier est de décrire le contenu réel de l’activité de soins réalisée par des gardes-malades. Notre second objectif est de montrer combien ce type d’activité est révélateur des dysfonctionnements d’un système de santé en crise. Sur le plan méthodologique, nous avons choisi de croiser les données des entretiens et celles des observations. Dans ce contexte socioanthropologique, c’est l’aspect qualitatif de l’analyse des pratiques sociales des gardes-malades qui est privilégié plutôt que les données quantitatives. Il nous semble que cette démarche peut avoir un effet positif sur la qualité de la relation médecin-soignant et sur celle de la qualité des soins. Notre étude repose sur des entretiens menés avec neuf personnes (huit femmes et un homme), âgées de 18 à 78ans. Au terme de notre étude, la dénomination de garde-malade nous est apparue inappropriée au regard du travail effectué de réalisation, d’organisation et de gestion des soins à la personne en situation de handicap. Le garde-malade est, au centre hospitalo-universitaire d’Oran, une forme inattendue et contingente de l’hôpital. Il effectue dans l’invisibilité un triple travail non rémunéré : celui de l’aide-soignante pour les soins de base, celui de l’agent hospitalier pour le ménage et enfin celui de l’infirmière pour les soins techniques.

Our approach was to try and better understand the roles of chose who are called “home nurses” in Algeria within a university medical centre such as Oran’s. Our main objective was to describe the real contents of the activity of care realized by home nurses. Our second objective was to show how this type of activity reveals dysfunctions of a health system in crisis. On a methodological level, we chose to cross the data of the interview and those of the observations. In this socioanthropological context, it is the qualitative aspect of the analysis of the social practices of the home nurses who is rather privileged than the quantitative data. It seems to us that this approach can have a positive effect on the quality of the relation between nurse and doctor and on that of the quality of the care. Our study was based on the interview of nine people (eight women and one man), aged between 18 and 78years old. At the end of our study, the term “home nurse” seemed inappropriate given the kind and amount of work done (realization, organization and management of care to the person in situation of handicap). The home nurse is, in the medical centre of Oran, the unexpected and contingent shape of the hospital. Home nurses work three jobs in complete anonymity: that of the nurse’s aide for basic care, that of the hospital worker for the housework but also that of the nurse for the technical care.