P154 - Rôle des neurones NPY/AgRP dans les effets anorexigènes de la sérotonine - 07/12/10
A* Joly [1],
R Denis [1],
J Castel [1],
A Lacombe [1],
C Magnan [1],
S Luquet [1]
Voir les affiliationsIntroduction et But de l’étude. – Le système nerveux central régule la prise alimentaire en réponse à des signaux périphériques qui l’informent du statut nutritionnel de l’organisme. Au niveau de l’hypothalamus, le noyau arqué contient des populations neuronales spécifiques tels que les neurones exprimant le neuropeptide Y (NPY) et l’Agouti Related Protein (AgRP) stimulant la prise alimentaire, et d’autres exprimant la POMC (Pro-OpioMelanoCortine) qui au contraire ont un effet anorexigène. Ces neurones possèdent à leur surface des récepteurs à la sérotonine, en particulier 5HTR1b et 5HTR2c, capables de moduler leur activité. Ces deux récepteurs ont des effets antagonistes. Ainsi, un tonus sérotoninergique s’exerçant sur le noyau arqué aurait une action satiétogène via l’inhibition des neurones NPY/AgRP et l’activation concertée des neurones à POMC.
Le but de cette étude a donc été de caractériser plus avant le rôle des neurones NPY/AgRP dans le contrôle de la prise alimentaire sur différents régimes, et leur implication dans la réponse à des agonistes et antagonistes des récepteurs 5HT1b et 5HT2c.
Matériel et Méthodes. – Des souris C57/BL6 expriment sous le promoteur AgRP le récepteur humain de la toxine diphtérique. L’injection de la toxine à 5JPP induit une destruction irréversible des neurones NPY/AgRP (AgRPDT/+). Les animaux sont soumis à un régime standard (carbohydrates) ou palatable (riche en sucrose et en graisses). Les mesures de prise alimentaire sont effectuées après un jeûne de 24 h ; 45 minutes avant la présentation de nourriture, une solution saline (contrôle) ou d’agonistes et antagonistes 5HTR1B et 5HTR2C est injectée en ip. Prise alimentaire et poids corporel sont ensuite mesurés pendant 4 h.
Résultats. – L’élimination au stade périnatal des neurones NPY/AgRP se traduit chez l’animal adulte par une diminution de la reprise alimentaire après un jeûne ainsi que de la prise alimentaire quotidienne sous régime standard. En revanche, la reprise alimentaire est normalisée chez les AgRPDT/+ si le régime est palatable. L’injection d’un agoniste 5HTR1B se traduit chez l’animal contrôle par une diminution de 50 % de la reprise alimentaire après un jeûne, et aucun effet n’est observé chez les AgRPDT/+. De façon intéressante, la réponse satiétogène de l’agoniste sérotoninergique est restaurée chez les AgRPDT/+ quand les souris sont soumises à un régime palatable (70 % d’inhibition dans les deux groupes). L’injection d’un agoniste 5HTR2C diminue la reprise alimentaire chez les contrôles comme chez les AgRPDT/+ et ce quel que soit le régime utilisé, alors que l’injection d’un antagoniste 5HTR2C, si elle augmente la reprise alimentaire chez les contrôles, n’a aucun effet sur les AgRPDT/+.
Conclusion. – Ces résultats montrent que, selon le caractère palatable ou non de la nourriture présentée, le circuit neuronal convoqué pour soutenir la réponse alimentaire est différent : dans un cas cette réponse est strictement dépendante des neurones NPY/AgRP et n’est pas affectée par un agoniste 5HTR1b lorsque ces derniers sont absents, dans l’autre l’action de cette molécule est conservée et la perte des neurones NPY/AgRP n’a pas d’impact sur la réponse alimentaire au jeûne. Nous pensons donc que les neurones NPY/AgRP peuvent être pensés comme un opérateur de la partition entre contrôle « homéostatique » et « non homéostatique » de la prise alimentaire.
Plan
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Vol 24 - N° S1
P. 122-123 - décembre 2010 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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