P152 - La détection des lipides par le cerveau et son implication dans le syndrôme métabolique - 07/12/10
Introduction et But de l’étude. – Le syndrome métabolique est caractérisé par un ensemble de facteurs de risque comme l’obésité abdominale, la dyslipidémie, la résistance à l’insuline ou l’intolérance au glucose, etc. Le lien entre obésité et diabète peut s’expliquer par une concentration plasmatique élevée d’acides gras, souvent observée chez les individus obèses. En effet, l’accumulation ectopique des lipides dans les tissus tels que les muscles ou le foie entraînerait la mise en place d’une insulinorésistance aboutissant au développement du diabète. Des études récentes suggèrent que les lipides nutritionnels pourraient être détectés au niveau du système nerveux central (SNC) et exercer un contrôle direct sur la production de glucose et le comportement alimentaire [1 ]. Ces nouvelles données permettent d’émettre l’hypothèse originale que le cerveau puisse être à l’origine du syndrome métabolique : en effet une quantité excessive de lipides au niveau du SNC pourrait induire une dérégulation de la détection des lipides par le cerveau entraînant une dysfonction du contrôle nerveux de l’homéostasie énergétique (métabolisme du glucose, activité, comportement alimentaire, etc.) aboutissant à la mise en place du syndrome métabolique. Le but de l’étude est de comprendre l’implication de la détection des lipides par le cerveau dans la régulation de l’homéostasie énergétique et d’identifier les bases cellulaires et moléculaires impliquées dans cette détection centrale des lipides afin d’identifier de nouvelles cibles thérapeutiques pour le traitement du diabète et de l’obésité.
Matériel et Méthodes. – Le laboratoire a développé un modèle de surcharge lipidique spécifiquement au niveau SNC via la perfusion intracarotidienne de lipides vers le cerveau chez la souris vigile, à un débit ne modifiant pas les concentrations systémiques en acides gras libres.
Résultats. – Des résultats préliminaires montrent que la perfusion centrale de lipides, en aigu et en chronique, entraîne une diminution du poids corporel, de la prise alimentaire, de la glycémie, des acides gras libres plasmatiques, de l’insulinémie et de l’activité et du coefficient respiratoire. De plus, la perfusion chronique de lipides vers le cerveau perturbe le phénomène de choix dans la prise alimentaire volontaire lorsque les souris sont mises en présence de nourriture palatable. Il est important de souligner que tous ces effets ne sont pas permanents et peuvent être restaurés par une perfusion saline.
Conclusion. – Ces résultats indiquent que les lipides peuvent moduler, via leur action au niveau du SNC, à la fois le métabolisme du glucose et la balance énergétique. Ces effets pourraient impliquer une modification du système nerveux autonome entraînant un remaniement du statut métabolique des organes impliqués dans la régulation de l’homéostasie énergétique. De plus, l’altération de l’activité et du comportement alimentaire suggèrent qu’au niveau du SNC, les lipides pourraient moduler le système dopaminergique impliqué dans les processus de motivation et de récompense. En recadrant ces observations dans un contexte plus global, montrer que les lipides modulent l’activité locomotrice uniquement via une action centrale, indépendamment du poids corporel, serait une avancée importante dans la compréhension de la mise en place du syndrome métabolique.
Plan
© 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Vol 24 - N° S1
P. 121-122 - décembre 2010 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?